DogMan France, Etats-Unis 2023 – 114min.

Critique du film

Le nouveau Luc Besson a-t-il du chien ?

Critique du film: Damien Brodard

Malgré les polémiques concernant la sélection d’un film de Luc Besson à la Mostra de Venise, DogMan est tout de même présenté en compétition sur le Lido.

Ayant grandi avec un père violent et un frère méprisant, Douglas (Caleb Landry Jones) a trouvé refuge dans l’affection qu’il porte à ses chiens. Un soir, alors qu’il se fait arrêter par la police en compagnie de ses fidèles canidés, il commence à raconter son histoire extraordinaire à la psychiatre Evelyn (Jojo T. Gibbs).

Joker (2019), Lion d’Or controversé il y a quelques années, a déjà fait des émules. L’inspiration du film américain se fait indéniablement sentir dans le DogMan du français Luc Besson qui en profite pour renouer avec un thriller centré sur un personnage marginal, comme l’a pu être Léon (1994) en son temps. À la différence de son homologue américain qui avait bénéficié, quoi qu’on en pense, d’un soin tout particulier, la caméra de Besson s’impose lourdement avec le manque de subtilité habituel qu’on lui connaît. Des ralentis grotesques pour immortaliser une bande de canidés hors-la-loi, des scènes d’action d’une banalité morne : tout en devient risible. Même la photographie de Colin Wandersman et la musique d’Eric Serra, qui auraient pu se montrer intéressantes, contribuent en fait à la déroute – l’une exagérant outrageusement les lumières colorées, tandis que l’autre ne se cantonne qu’à essayer d’iconiser des personnages à coup de basses bien redondantes.

Il reste toutefois quelques rescapés dans ce ratage cinématographique. Tout d’abord, Caleb Landry Jones, l’interprète principal qui parvient une fois encore à jouer sur le fil du rasoir, tantôt attachant, tantôt réellement inquiétant. L’acteur américain porte à bout de bras le rôle de ce marginal brisé par la société, trouvant en sa meute de chiens une famille de substitution aimante, tout en étant accueilli à bras ouvert par la communauté Drag. Le premier degré de la narration ainsi que la sincérité du jeu de Jones peuvent l’emporter sur les nombreux défauts du long métrage, mais se détacher de l’enrobage s’avère complexe. Un dernier mot sur les protagonistes canins, dont le travail de dressage a dû nécessiter un effort colossal tant leur comportement est réussi, à supposer que la suspension d’incrédulité n’ait pas mis les voiles avec la subtilité. Tout compte fait, DogMan est probablement l’un des films les moins ratés de Besson de ces dernières années, mais cela suffisait-il vraiment pour lui octroyer une place dans la compétition de la Mostra de Venise ?

(Mostra de Venise 2023)

05.09.2023

2.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

CineFiliK

il y a 6 mois

“Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Chien”

Lors d’une nuit pluvieuse, la police arrête une camionnette. A son bord, un travesti amoché, les lèvres rouge sang. A l’arrière, de nombreux chiens n’attendant que son signal pour agir. Emmené en cellule, il va raconter son histoire à Evelyn, psychiatre appelée en urgence.

Alphonse Lamartine écrivait que « Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien ». Il aura fallu plus d’une meute à Douglas pour résister à la violence d’un père, l’abandon d’une mère et la trahison d’un frère. Encagé au milieu de Colleys barbus, Barzoïs et autres races, il est devenu leur maître. A sa botte, une brigade canine capable de voler les riches, attaquer les gangs et défendre leur Sauveur qui se réfugie dans le féminin pour retrouver un peu d’humanité.

Luc Besson est de retour après un tournée d’adieux marquée par les échecs et les accusations. Grandement inspiré par le travail de Todd Philipps, il joue son joker en reprenant cette structure conversationnelle entre le héros fracassé et une analyste à qui il confesse son passé. Maquillé, regard inquiétant et sourire carnassier, Caleb Landry Jones se rapproche de Joaquin Phoenix et offre une performance à vif qui emporte le film. Le reste oscille entre la parabole biblique kitsch et un conte de Disney bien naïf. Douglas n’a rien à envier à Blanche-Neige lorsqu’il prépare un gâteau aidé de ses 101 dalmatiens, aussi doués que Kevin McCallister pour euthanasier un à un les grands méchants loups. Au nom du Père, du Fils, et de l’Esprit Chien. Amen.

(6/10)Voir plus

Dernière modification il y a 6 mois


Autres critiques de films

The Fall Guy

Back to Black

Kung Fu Panda 4

Challengers