Houria Algérie, Belgique, France 2022 – 98min.

Critique du film

La danse pour guérir les corps brisés

Critique du film: Damien Brodard

Après avoir marqué les esprits avec Papicha (2019), la réalisatrice Mounia Meddour retrouve Lyna Khoudri dans une ode à vie, pleine d’espoir.

À Alger, Houria (Lyna Khoudri) est une jeune danseuse de talent, promise à un bel avenir. Entre son travail de femme de ménage et quelques paris clandestins, elle s’entraîne dur pour poursuivre son rêve. Sa vie bascule un soir où la jeune femme se fait agresser. Désormais meurtrie et sans voix, Houria doit réapprendre et maîtriser son corps et trouver un nouveau sens à sa vie.

Étant d’origine franco-algérienne, il est intéressant de la part de Mounia Meddour de vouloir entremêler dans ses scénarios la petite et la grande Histoire. Elle tisse ainsi une très belle métaphore des traumatismes d’un pays meurtri par la guerre, déjà dans Papicha (2019), en filmant un corps brisé, son acceptation et sa revivification. Nul doute que l’incarnation de ce concept fort passe indubitablement par la remarquable interprétation de sa comédienne principale Lyna Khoudri, qui n’en est désormais plus à son premier rôle notable. Par sa formidable intensité, elle porte à elle seule non seulement toute la dimension métaphorique du long-métrage, par son travail sur le corps et ses mouvements, mais aussi un rôle presque intégralement muet pour lequel elle n’a besoin que de ses expressions pour dialoguer avec les autres personnages ainsi qu’avec le public. L’interprète du rôle-titre s’avère donc être le grand point fort du film, en plus d’une photographie ensoleillée très élégante et d’un montage cherchant à traduire l’état du personnage, rapide lorsqu’il se meut et danse, bien plus mesuré lorsqu’il faut le guérir.

Houria n’échappe cependant pas à quelques imperfections, notamment pour ce qui concerne sa forme. Si, par exemple, l’idée évoquée plus haut fait sens et s’accorde aux mouvements de caméra ou à sa stabilité, le résultat s’avère malheureusement brouillon. Qu’il soit trop rapide ou ait tendance à gêner les séquences de chorégraphie, on sent que ce montage n’est pas entièrement abouti. Il en va de même pour l’écriture qui, même si la promesse scénaristique est tenue et que la métaphore reste stimulante, laisse bien trop de zones d’ombres, de caractérisations floues ou d’événements inexpliqués, ce qui peut rendre ce scénario assez superficiel et théorique, malgré l’évidente sincérité qui s’en dégage. Il manque sans doute un liant pour cimenter l’ensemble de belles idées que propose Mounia Meddour qui permettrait à son œuvre, au demeurant très émouvante, de paraître davantage maîtrisée et de pleinement convaincre.

28.03.2023

3.5

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