Critique10. Mai 2024

Critique de «Mon petit renne» sur Netflix, une série qui nous hante et pour longtemps

Critique de «Mon petit renne» sur Netflix, une série qui nous hante et pour longtemps
© 2022 Netflix, Inc.

C’est la série dont tout le monde parle, or à sa sortie en avril dernier sur Netflix, «Mon petit renne» était passé un peu inaperçu. Série périlleuse aux airs de thriller, elle revient sur le stalker et l’agression dont a été victime le comédien Richard Gadd, on fait le point sur «Mon petit renne».

Inspiré de son one man joué au Festival Fringe en Écosse en 2019, l’écrivain et acteur écossais Richard Gadd revient sur les années durant lesquelles il a été suivi par une stalker du nom de Martha (Jessica Gunning) et une rencontre poisseuse avec un célèbre scénariste. Exutoire de douleurs enfouies, «Mon petit renne» raconte aussi et surtout les séquelles que ces rencontres lui ont laissé. Âmes sensibles s'abstenir.

Avec ses airs à la «Misery» Stephen King et ses réminiscences du film «La Valse des pantins» (1982), l’histoire de «Mon petit renne» est pourtant bien réelle. Un encart nous le rappelle dès le premier épisode. La suite n’en sera que plus déroutante. Barman dans un pub de Camden à Londres, Donny (Richard Gadd) est un aspirant comédien. Un beau jour, une certaine Martha passe la porte et s’installe au comptoir. Elle prétend être une éminente avocate, mais ne peut s’offrir une boisson. Touchée par la sympathie (ou pitié?) de Donny à son égard, elle reviendra, encore et encore.

Richard Gadd et Jessica Gunning dans «Mon petit renne» © 2022 Netflix, Inc.

Elle le surnomme «Mon petit renne», et n’en fini plus de s’immiscer dans l’intimité de Donny. Pluies d’Emails, SMS en rafales, elle débarque même à l'improviste dans les cafés-théâtres où il se produit. Bientôt la situation devient hors de contrôle alors que tout avait commencé avec une gentille petite tasse de thé offerte par la maison. Sous les traits de l’excellente actrice britannique Jessica Gunning, il y a dans le personnage de Martha une ambivalence et une éloquence envoûtante, ô combien éloignée des pontifes du genre. Fantasmée dans «Liaison Fatale» (1987), modernisée dans «Sweat» (2020) de Magnus von Horn, ici la figure du stalker se pose ailleurs. Loin d’un manichéisme qui voudrait attribuer des bons points, Richard Gadd le confie volontiers, la série est là pour disséquer la nuance des êtres humains, à commencer par la sienne.

Comment Donny est-il arrivé à s’empêtrer dans une situation aussi complexe, pourquoi n’en a-t-il pas parlé plutôt aux autorités compétentes? La situation était-elle d'ailleurs si déplaisante? Bientôt, les interrogations convergent autour d’un drame raconté dans l’épisode 4: des viols subis sous l’influence de la drogue dans un épisode au magnétisme révulsif alors que, quelques mois plus tôt, Danny était sous l'emprise d'un scénariste qui laissait miroiter des promesses de gloire. Tapissant le lit de traumas abyssaux, «Mon petit renne» aura valeur de thérapie pour son auteur (et certainement aussi pour son public). Profitant d'une réalisation minutieuse, à hauteur de ses protagonistes, et d'un format éclair (7 fois 30 minutes), il se dégage de «Mon petit renne» des (sé)vérités effroyables et bouleversantes. Succès sur les planches, le passage au format sériel est un petit miracle cathartique et urticant.

4,5/5★

«Mon petit renne» est à découvrir sur Netflix

Bande-annonce de «Mon petit renne»

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