Dicks: The Musical Etats-Unis 2023 – 86min.

Critique du film

Recomposer sa famille en chansons

Critique du film: Eleo Billet

La pièce «Fucking Identical Twins» créée par Josh Sharp et Aaron Jackson a connu un certain succès auprès du public en 2015. Elle a aujourd’hui droit à une adaptation filmique avec les créateurs en rôle-titre. Dans cette comédie musicale, qui subvertit le film culte The Parent Trap (1998), deux vendeurs, pas si hétérosexuels que ça, découvrent leur gémellité. Aussi «camp» que toute comédie Off-Broadway qui se respecte, Dicks : The Musical ne peut malheureusement compter sur la mise en scène de Larry Charles pour mettre en valeur son excentricité.

Craig (Josh Sharp) et Trevor (Aaron Jackson) sont deux vendeurs de pièces de voiture imbus d’eux-mêmes, blancs et très très hétérosexuels. Leur esprit compétitif va être mis à rude épreuve lors de leur rencontre. Identiques en (presque) tous points, les deux hommes réalisent alors qu’ils sont de vrais jumeaux, séparés à la naissance par leurs parents excentriques. Ils décident alors de réconcilier leurs parents pour former à nouveau une famille. Seulement, face à leur père gay (Nathan Lane), amateur de rats d’égouts, et leur mère tout aussi étrange (Megan Mullally), qui se balade avec son vagin dans son sac à main, leur tâche va être plus ardue qu’ils le croyaient.

Devant une comédie musicale satyrique aussi déjantée que Dicks : The Musical, on pourrait penser qu’il ne serait possible que de l’adorer pour sa bizarrerie, ou de la détester, à cause d’une certaine difficulté à rentrer dans cet univers bien trop délirant. Pourtant, un entre-deux est également possible. On peut ainsi reconnaître le génie créatif jusqu’au-boutiste de Josh Sharp et Aaron Jackson, qui font de Dieu (Bowen Yang), le narrateur du récit, et critiquent la masculinité violente et la famille nucléaire à coup de chansons entraînantes.

Seulement, là où Dicks : The Musical manque de folie, c’est bien dans sa réalisation. Larry Charles, derrière plusieurs films de Sacha Baron Cohen, dessert ici l’œuvre avec sa mise en scène statique, où les numéros musicaux ne sont finalement queer que sur le papier, mais jamais à l’image. À ce niveau, on aurait préféré regarder une captation de la comédie originale. L’adaptation au cinéma a au moins pour elle de proposer à un nouveau public cette joyeuse pagaille où les scènes de sexe surréalistes, les conversations ubuesques, suivies d’un numéro de rap de Megan Thee Stallion, et les marionnettes en vedette s’enchaînent jusqu’à former un tout cohérent et une drôle histoire d’amour.

02.05.2024

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