The Apple Day Iran 2022 – 81min.

Critique du film

Critique sociale à hauteur d’enfant

Critique du film: Eleo Billet

Présenté à la Berlinale, The Apple Day se base tant sur les expériences documentaires du cinéaste Mahmoud Ghaffari que sur la crise économique iranienne et son impact sur les familles précaires et leurs enfants.

Saeed vit avec ses parents et son petit frère Mahdi dans un quartier pauvre de Téhéran. Sa mère Mahboubeh (Zhila Shahi) fait des lessives à domicile en espérant que vivre en ville ait été le meilleur choix. Son père Morteza (Khodadad Bakhshizae) regrette la beauté de la campagne, mais s’échine néanmoins à vendre des pommes à la criée. Seulement, lorsque la camionnette et les précieux fruits sont volés et que les maux de dos de Morteza s’aggravent, Saeed décide de gagner lui-même l’argent pour racheter des pommes, ne serait-ce que pour permettre à son frère de les amener à l’école sur ordre de sa maîtresse.

Après Jafar Panahi et Majid Majidi, Mahmoud Ghaffari n’est pas le premier réalisateur iranien à faire de son héros un enfant pour dépeindre le quotidien des ménages pauvres à Téhéran. Seulement, lui se réapproprie le néoréalisme pour dénoncer cette société, sans risquer, comme d’autres artistes, une critique ouverte qui le mettrait à ban du régime. Tout comme le réalisateur, Saeed doit devenir indépendant pour s’en sortir. Il n’est encore qu’un enfant, mais connaît déjà les conséquences de la précarité sur la santé physique comme psychique de ses parents et accepte alors que les responsabilités pour soutenir sa famille dévorent le peu d’insouciance qui lui restait. Les jeux de cartes et les câlins avec son poulet, qui donnent lieu aux rares plans proches des personnages, laissent alors place à l’entrechoquement des corps lors des bagarres suite aux vols. Seulement l’utilisation des plans larges lors des élans de solidarité des voisins ou les pleurs des parents nous barre l’accès à l’intériorité des personnages et nous restons spectatrices de leur vie faute de connexion humaine profonde.

Le récit déploie son ironie tragique alors que la morale s’étiole lorsque chaque membre de la famille est confronté au besoin de voler à son tour, pour survivre économiquement pour les parents et ne pas afficher leur misère en classe pour les enfants. L’école publique sert d’ailleurs de décor privilégié au cinéaste pour représenter dans un microcosme la corruption, le déclassement social et autres inégalités qui gangrènent l’Iran. En peu de répliques et plans, l’environnement urbain de Saeed est posé, régulièrement contrasté avec la campagne, terre délaissée pleine de promesses. Une lenteur et un dépouillement parfois bien construits qui alourdissent pourtant The Apple Day et ses messages finalement simplistes, alors que le film néglige d’autres thèmes évoqués comme la violence des hommes infligée aux femmes ou l’exode rural et ses regrets. De cette œuvre engagée et brute, nous retiendrons ses scènes poétiques d’amour filial et l’engagement des jeunes comédiens.

05.09.2022

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