Mary, Queen of Scots Royaume-Uni 2018 – 124min.

Critique du film

Le duel des reines

Gaby Tscharner
Critique du film: Gaby Tscharner

Mary, Queen of Scots, porte une vision féministe sur une partie de l'histoire européenne marquée par deux femmes fortes. Premier film de la réalisatrice Jodie Rourke, les deux cousines royales font passer les amours avant leur succession au trône. « Je suis plus un homme qu'une femme, le trône m'a faite ainsi », se plaint Elizabeth, qui doit constamment se confronter à ses conseillers Sir William Cecil (Guy Pearce) et John Knox (David Tennant). Afin de dissuader Marie d’accéder au trône, Elisabeth ira jusqu’à lui offrir son propre amant, Robert Dudley (Joe Alwyn), mais Mary pressent la manigance et fera elle-même la rencontre de Lord Darnley (Jack Lowden), son second mari, qui au cour du mariage révélera son homosexualité.

Royal et féministe, dans ce film, les matriarches vivent dans des maisons royales culturellement variées, des proches et amis venus du monde entier et aux orientations sexuelles diverses. Si la mixité au sein de la distribution est à féliciter, elle n'a pourtant pas réellement lieu d'être dans un drame historique comme celui-ci. On dit que l'ambassadeur d'Elizabeth, Lord Randolph, interprété par l'acteur Adrian Lester, et sa courtisane, Bess of Hardwick, interprétée par l'asiatique Gemma Chan, avaient la peau blanche. Il semble aussi que Lord Darnley n'ait jamais eu d'aventure avec David Rizzio, l’ami, gay ou transsexuel, de Mary Stuart. C'était simplement un séducteur, selon les dires de la Reine elle-même. Enfin, la meilleure scène du film, où les rivales se rencontrent enfin, n'a en réalité jamais eu lieu.

La question est maintenant de savoir quel seuil de liberté dramaturgique le public peut tolérer dans un film historique. Eh bien beaucoup de choses semble-t-il !De Braveheart de Mel Gibson et son kilt inventé 300 ans plus tard, ou l'empereur romain Marc Aurèle, mort de la varicelle et non assassiné par son fils, comme le laisse entendre le film Gladiator. Pourtant, les deux films remporteront l’Oscar du meilleur film. Alors rien ne se met en travers du film Mary, Queen of Scots tant le désir de voir à l’écran des femmes fortes qui ont écrit l'histoire est grand - et qui sait, si Lord Darnley n'avait peut-être pas eu un côté gay, sans doute y aurait-il eu plus d’historiennes que d'historiens pour rapporter les faits.

01.03.2019

4

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CineFiliK

il y a 5 ans

“Combat de reines”

En 1561, Marie Stuart, veuve de 19 ans, quitte la France pour rejoindre ses terres natales et réclamer le trône d’Ecosse. Sa cousine Elisabeth Ire, reine d’Angleterre, le lui refuse.

Si loin, si proches. Elisabeth et Marie se ressemblent. Même teint de porcelaine, même chevelure flamboyante. La fragilité mêlée à l’incandescence. Sur les portraits qu’elles s’échangent, les souveraines exacerbent leur beauté, pour attiser la jalousie. Armes féminines en ce combat de reines. Mais dans ce jeu du trône, ce sont encore les mâles qui se maintiennent au pouvoir, par la manigance et la trahison. Marie se marie et enfante, signant ainsi sa perte. Sans époux ni descendant, la virginale Elisabeth devient un « homme », pour sa survie. Elle règnera 44 ans.

Reconstitution soignée, paysages grandioses et têtes couronnées à la hauteur. Il manque cependant à ce bel ouvrage, la fièvre ou un éclat original pour véritablement se distinguer. Dans la course au pouvoir d’Angleterre, Anne, la folle échappée de Yórgos Lánthimos, demeure la favorite.

6/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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