Interview

Allez, Berry!

Stupéfiante d'intensité dramatique dans l'éprouvant «À l'ombre de la haine» de Marc Forster (réalisateur d'origine suisse vivant à Los Angeles), la belle Halle Berry («Opération Espadon») y accomplit un pas artistique décisif.

Allez, Berry!

Q:Comment avez-vous été choisie pour jouer dans «À l'ombre de la haine»?A:On m'a présenté le film comme une petite production indépendante, et ça me plaisait bien. Puis les choses ont pris de l'ampleur. Sean Penn et Robert de Niro étaient pressentis. Finalement, c'est Billy Bob Thornton qui a été engagé. On m'a dit plus tard que ce scénario circulait depuis pas mal de temps, que tout le monde le trouvait formidable, mais que c'était tellement noir que personne n'avait le courage de se lancer. Ceci cit, Dieu merci, il y a plein de gens qui aiment ça.Q:Dans «Opération Espadon» vous avez créé un mini-scandale en demandant une rallonge de salaire quand on vous a demandé d'être nue...A:Non, non. Quand on m'a présenté le scénario, j'étais en train de négocier mon contrat. Les offres fluctuaient. On discute, c'est normal.Q:Vous faites aussi de la production...A:J'ai produit «Dorothy Dandridge», pour la chaîne HBO, mais je suis actrice, pas vraiment productrice. Ce qu'il y a de bien, quand on porte les deux casquettes, c'est qu'on peut faire ce qu'on veut. Quand le tournage de «Dorothy Dandridge» a eu des problèmes financiers, j'ai choisi d'abandonner mon salaire. Halle Berry la productrice était ainsi très satisfaite de l'actrice. L'expérience m'a plu, si bien que je crois que je vais faire un autre sujet du même genre. J'ai pris des options sur trois livres!Q:Vous êtes actrice ou productrice, il faut savoir!A:Actrice! Je ne crois pas être une comédienne géniale. J'ai encore beaucoup à apprendre. J'espère que j'y parviendrai avant d'être trop vieille!Q:Vous avez l'impression que le statut des femmes a changé, à Hollywood?A:Oui. Aujourd'hui, les femmes veulent contrôler leur destin. Personnellement, je ne voudrais pas que mon mari me dicte ce que je dois faire. Q:Vous avez toujours voulu être actrice?A:Non. Au départ, je voulais être journaliste. Mais, pour mon premier article, mon professeur m'a donné une liste de questions que je devais poser à une famille. Leur maison venait de brûler. Mais quand j'ai vu le désespoir de ces gens, je n'ai pas pu leur demander ces choses-là... Je crois que je n'étais pas taillée pour ce job.Q:Vous êtes métisse, moitié blanche, moitié noire. Ça vous pose des problèmes?A:Personne ne pense que je suis blanche. De toute ma vie, je n'ai jamais été perçue comme quelqu'un de métissé. On me voit comme une Noire, point final. Les problèmes que j'ai pu rencontrer dans ma vie sont liés au racisme envers les Noirs, c'est tout.Q:Votre beauté vous a servi, dans ce métier.A:Certainement. On me disait toujours que j'étais jolie, et il y a eu un moment dans ma vie où j'ai craqué. J'en avais assez d'être «jolie». Personne ne voyait ce qu'il y avait derrière. Du coup, j'ai réagi en essayant de m'intégrer. Je voulais faire partie des clubs: à l'école, j'étais présidente de ma classe, tout. Je voulais montrer que je n'étais pas seulement «jolie». Je haïssais cet adjectif. Q:Mais vous vous êtes quand même présentée à des concours de beauté.A:Oui, mais à ce moment-là, j'avais déjà un peu plus confiance en moi-même. En plus, vu la couleur de ma peau, j'étais contente de gagner des concours de beauté. Là, je me sentais acceptée. Je suis devenue mannequin, et je le suis restée pendant trois ans. C'est sans doute le job le plus ennuyeux que j'aie jamais fait dans ma vie. J'avais l'impression d'être un porte-manteau vivant. Q:Vous avez le sentiment d'avoir atteint le statut que vous visiez?A:Non. Je me considère comme une femme qui se bat pour avoir une place dans un métier difficile pour les femmes. J'ai un rêve, et j'essaie de le faire partager.

25 octobre 2002

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