La vie de ma mère France 2023 – 103min.

Critique du film

Roadtrip psychiatrique

Critique du film: Fanny Agostino

Adapté d’un premier court métrage auquel Agnès Jaoui avait déjà participé, le premier film de Julien Carpentier s’immisce, pour 24 heures, dans la vie d’un proche aidant (William Lebghil), curateur de sa mère atteinte de troubles bipolaires.

Fleuriste comme sa mère, Pierre se lève chaque matin à l’aube. Une journée chargée s’annonce ; il est sur le point de signer un contrat juteux avec une weeding planneuse. Dans la matinée, il reçoit un appel de sa grand-mère qui fait tout basculer. L’inquiétude se lit alors sur le visage du trentenaire. Arrivé sur place, il découvre Judith exaltée, passant d’une chose à l’autre dans une euphorie constante. Pierre reste de marbre et distant. Il sait que cette journée s’engage dans un bras de fer pour la ramener en clinique.

Julien Carpentier démontre à quel point tout est fragile, dans cette escapade express. Les stratagèmes de Pierre pour hospitaliser sa mère, l’équilibre ténu entre la phase maniaco-dépressive et le précipice de la décompensation suspendu comme une épée de Damoclès. Un énième film sur les maladies mentales ? Pas du tout, puisque l’humour omniprésent allège une thématique lourde et tragique. Carpentier a le mérite de porter à l’écran une pathologie trop souvent reléguée à la folie.

Une force qui est aussi une faiblesse. Dans «La Vie de ma mère», l’humour prend une place considérable, quitte à tomber dans la surenchère. Chaque nouvelle situation suscite le rire et vise à renforcer la compassion, n’évoquant que par détour les côtés sombres de Judith. Vision très édulcorée des troubles bipolaires, on lui préférera «Les Intranquilles» de Joachim Lafosse plus honnête sur la pathologie.

Fiévreux et burlesque, «La Vie de ma mère» porte les maladies mentales au-delà des stéréotypes, au prix d’une bienveillance trop poussée sur un sujet particulièrement difficile à adapter sur grand écran.

05.03.2024

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 1 mois

“Changer l’eau des fleurs”

Pierre, fleuriste, commence à trouver son équilibre professionnel. Mais quand un appel inquiet de sa mémé lui annonce « qu’elle est revenue », c’est perturbé qu’il se précipite chez elle.

Attention mère agitée en vue et baignade à risque ! Judith, maniaco-dépressive, a échappé à la vigilance de ses gardiens. Excitation, cris, musique à fond, accès de colère et larmes valsent dans la cuisine à la recherche du couscoussier. Pas facile pour Pierre le curateur, contraint d’être plus flic que fils.

Sur le papier, il y a de quoi craindre le torrent mélodramatique annoncé d’un scénario prévisible. La flamboyante Agnès Jaoui n’hésite pas à bien marquer les débordements de son personnage. Face à elle, le flegmatique William Lebghill lui tient tête heureusement. Le duo parvient à s’accorder pour nous conter avec sensibilité cette histoire qui semble toucher au cœur Julien Carpentier. Dommage que sa réalisation – caméra chancelante, flou mal maîtrisé, coupes hasardeuses – ne soit pas à la hauteur de ses comédiens. Dans ce premier film, il fait néanmoins preuve de belles idées de mise en scène en renversant notamment certains clichés : deux silhouettes typées roulent dans la nuit noire au volant d’un fourgon pour… cueillir des palettes de fleurs. Car quand les mots manquent, un œillet rose suffit.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 mois


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