CH.FILM

Colombine Suisse 2022 – 80min.

Critique du film

Au milieu des vignerons en folie

Critique du film: Laurine Chiarini

Quel meilleur prétexte à montrer les coulisses de la dernière Fête des Vignerons que d’y suivre une fillette à la recherche de son père? Catapultée dans le passé grâce à une capite magique, Colombine nous entraîne dans l’agitation colorée d’une célébration qui n’a lieu qu’une fois par génération.

Sous les photos sépia d’un livre d’histoires, Colombine virevolte entre les figurants, se faufile dans les décors des coulisses avant de disparaître comme de la poudre aux yeux face à ses poursuivants dépités. Par un beau jour d’automne, dans le petit village d’Epesses, perché au milieu des vignobles en terrasses de Lavaux, paysage à nul autre pareil qu’ont immortalisé des légions d’artistes, Colombine n’en peut plus : elle aussi veut avoir un père, mais s’essouffle derrière un mystère. Pour sa mère, elle est encore une «puce» ; le père est effacé, inexistant, même pas nommé. Mais Colombine veut savoir : qui est-il? D’où vient-il?

Epesses, c’est aussi la patrie du tracasset, engin de vigne à trois roues typiquement vaudois, croisement entre le tracteur agricole et la pétrolette d’antan qui, tous les deux ans, a l’honneur de son propre championnat du monde. Le tracasset, c’est justement la monture de la bonne Mathilde, voisine qui ne demande qu’à aider Colombine. Par un jour de marché animé, face à ses supplications, Mathilde cède : si la jeune fille veut trouver la fiole magique, elle doit se rendre chez le forgeron. Passant de l’historique Café de la Clef, où Rousseau avait ses habitudes, au Musée de la Confrérie des Vignerons, Colombine se retrouve embarquée dans un tumulte débridé.

D’Alice au pays des merveilles à la ferme tourbillonnante du Magicien d’Oz, la précieuse fiole enfin entre ses mains, réfugiée dans une capite de vigne en carton-pâte, Colombine boit goulûment. Catapultée en pleine Fête des Vignerons de 2019, au milieu d’acteurs, de chanteurs et de choristes flamboyants, elle court sous le regard courroucé de sa mère, l’une des techniciennes en coulisses qui orchestre ce ballet titanesque. Une fois par génération, la petite ville de Vevey se transforme en célébration géante du vin et de ses artisans. Dans les rouages enchantés de l’imposante mécanique, Colombine cherche son père, fil rouge entre les enfants papillons, les imposants Cent-Suisses et le yodel des armaillis.

Le réalisateur Dominique Othenin-Girard a dû faire preuve d’une sacrée agilité pour filmer une histoire au milieu du joyeux chaos de la dernière Fête des Vignerons et de ses quelque 5'500 figurants, vrai personnage à elle toute seule. Ceux qui l’ont vécue apprécieront de se replonger dans les images tournées lors les répétitions générales et en direct pendant le spectacle. D’une valeur quasi documentaire éclairée par la fiction, le tournage s’est étalé sur 3 ans, voyant la jeune Eléa Dupuis, castée parmi 250 autres candidates, passer de fillette à adolescente. Solidement ancré dans le terreau local, ce conte familial parvient à tirer parti d’un spectacle unique avec un entrain non dissimulé.

07.11.2022

3

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