The White Crow France, Royaume-Uni 2018 – 127min.

Critique du film

Danser pour être libre

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Bien connu pour ses rôles dans La Liste de Schindler ou encore dans Le Patient anglais, Ralph Fiennes est également réalisateur. Pour sa troisième fois derrière la caméra, le Britannique a choisi de raconter l’histoire d’un des plus grands danseurs classiques du 20e siècle. Basé sur le livre de Julie Kavanagh, « Rudolf Nureyev : The Life » et adapté par David Hare, le film retrace avec justesse la vie de cet homme qui a marqué son époque grâce à un talent exceptionnel, un tempérament enragé et des choix radicaux.

De sa naissance, dans un wagon du Transsibérien, à son enfance modeste à Oufa, capitale de la Bachkirie régie par le pouvoir soviétique, le petit Rudolf n’était pas vraiment destiné à une carrière de danseur d’exception. Un père absent, enrôlé dans l’Armée Rouge, et une maman qui travaille dur pour élever ses quatre enfants, Rudolf a sept ans lorsqu’il a une révélation, alors qu’il assiste à un ballet : il sera danseur. 15 ans plus tard, en juin 1961, il débarque à Paris avec la troupe du Kirov de Leningrad pour se produire sur les planches de l’Opéra Garnier.

Dès son arrivée, sa soif de liberté et son esprit rebelle prennent l’ascendant, n’en déplaise au KGB. Lui n’a que faire de la politique. Bercé par la beauté de la ville, sa vie culturelle et nocturne, il veut danser, découvrir le monde mais surtout être libre. Paris et ses folles nuits mettent sur son chemin Clara Saint (Adèle Exarchopoulos), une jeune femme baignée dans les milieux huppés. Les sorties s’enchaînent et les agents du KGB voient d’un très mauvais œil les petites escapades du danseur prodige avec sa nouvelle amie parisienne. Méfiants puis menaçants, ils redoublent d’efforts pour garder le danseur sous contrôle, mais c’était sans compter le tempérament imprévisible de Rudolf. Pour gagner sa liberté, le danseur va devoir faire un choix radical qui changera sa vie à jamais et le fera entrer dans l’histoire.

Noureev - The White Crow c’est avant tout le récit complètement fou de ce petit garçon pauvre devenu grand, à force de travail acharné. Passionné et hargneux, sa volonté n’a d’égale que son talent. C’est ensuite une fable fabuleuse sur la liberté et les batailles à mener pour la gagner. Le danseur Oleg Ivenko tente de relever le défi en interprétant Noureev. Sa performance manque de nuances. Malgré tout, l’acteur parvient à transmettre le caractère déroutant de Rudolf. Tantôt tête à claques, tantôt attendrissant, l’homme ne perd jamais de vue son objectif : devenir le meilleur et vivre la vie qu’il a toujours voulue.

À travers une réalisation sobre et intelligente, ainsi que des flashbacks subtilement incorporés nous replongeant dans l’enfance de l’artiste, Ralph Fiennes nous permet de saisir, du moins partiellement, la personnalité complexe du danseur. Des fragments de vie distillés pour comprendre un parcours semé d’embûches. Une volonté de fer pour un homme qui a marqué l’histoire, tant par son talent hors du commun que par son irrépressible envie de liberté.

En bref !

Danser pour être libre ou être libre pour danser ? Noureev - The White Crow rappelle qui était Rudolf. Un grand danseur, un tempérament de feu et un assoiffé de liberté, quitte à braver tous les interdits. Un film bien ficelé.

19.08.2019

3

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Commentaires

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Eric2017

il y a 4 ans

Tout simplement magnifique ! Les nombreux flashbacks sont bien placés et permettent de mieux s'immiscer dans la vie de ce très grand danseur. D'un caractère je dirai presque insupportable, ce personnage reste néanmoins attachant. L'acteur principal, Oleg Ivenko, lui-même danseur, fait une excellente interprétation de Noureev. Enfin, Ralph Fiennes a fait de cette histoire un magnifique film. A voir que l'on aime ou pas la danse classique. (G-30.06.19)Voir plus


vincenzobino

il y a 4 ans

2.5: Sa raison d’être
1961: le ballet de Leningrad est à Paris pour une semaine de représentation avec son danseur étoile, Rudolph Noureeiev. Seulement ce dernier désireux de liberté ne compte pas forcément revenir dans sa mère patrie soviétique et la rencontre avec la descendante d’un homme politique français pourrait forcer son destin.
Le voici donc ce biopic sur l’un des plus fabuleux danseurs jamais connus et son départ de l’URSS. Un défi ambitieux pour Ralph Fiennes mais pas vraiment relevé.
L’ouverture du film nous mentionne le pourquoi du titre original : un besoin de liberté dans un univers ne le permettant pas. Et des libertés, il y en a, à mon sens, un peu trop.
A force de mélanger 3 périodes de vie du danseur étoile (son enfance chaotique entre sa venue au monde particulière et la dureté russe; sa rencontre avec son professeur Pouchkine... et son épouse; et la venue parisienne), on se perd un peu par différents sauts temporels dont certains n’ont guère de liens.
L’art est la meilleure partie du film, particulièrement la fascination pour la peinture et le tableau qui scellera la décision de Noureeiev. Mais la danse est à mon sens trop rare et hormis les répétitions, on ne peut hélas que peu vibrer pour les performances scéniques. Sans compter l’issue politico-administrative qui manque objectivement d’un second point de vue.
Du coup, il manque une grâce pour faire de ce film... une étoile.
A vous de voirVoir plus

Dernière modification il y a 4 ans


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