Doubles vies France 2018 – 108min.

Critique du film

La théorie de l'ambiguïté

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Après Personal Shopper et son entrée dans un cinéma fantastique, Olivier Assayas reprend un contexte plus réel et confronte deux couples. Il y a Alain (Guillaume Canet), patron d’une maison d’édition, et Séléna (Juliette Binoche), une actrice de série télé. De l’autre côté il y a Léonard (Vincent Macaigne), un écrivain qui publie chez Alain, et Valérie (Nora Hamzawi), l’assistante d’un homme politique. Les deux couples sont en réalité bien plus liés qu’il n’y paraît et les choses vont se décanter le jour où Alain s’apprête à refuser la publication du nouveau manuscrit de Léonard.

On se souvient d’une relation troublante et une vaste galerie de personnages dans Sils Maria. Dans Doubles Vies, la galerie de portraits est aussi vaste - physiquement surtout - et fonctionne également tel un miroir. Deux couples liés, voire associés. Assayas cultive une vraie réflexion sur la généralité et l'ambiguïté. Les avis se succèdent comme le cycle de la vie. Un film en réaction, misant sur le symbolisme des mots, jouant même de ceux-ci. L’épaisseur des dialogues frappe par l’écriture sans fioritures du cinéaste. Tenus et habilement orchestrés, les échanges verbaux passent en revue l’état de notre société, quelque part entre démocratisation et modernité.

L’autre attrait de Double Vies réside dans ces portraits brossés. Quatre personnages peu épanouis, cherchant une sorte d’approbation, un nouvel élan existentiel. Des êtres égocentriques et parfois détestables, animés par une soif de briller en société. L’influence des comportements, la dissection d’Assayas a tendance à s’enliser dans un récit verbeux et redondant. Mais la plume de l’ancien journaliste réussit à passer entre les mailles du filet. Rieur, sensible à l’évolution technologique, piquant, voire même sinistre quand il est question du chemin que notre monde prend; Doubles Vies est un double avis et dépeint des tribulations étriquées dans un milieu aisé trop centré sur lui-même.

En bref !

Ce n’est peut-être pas le plus beau métrage d’Olivier Assayas, mais Double Vies se défend. Un récit structuré à la manière d’un Woody Allen, entre situations comiques et grinçantes, avec un zeste de tragédie. On pourrait même parler d’une auto-évaluation de notre société, un brin moralisatrice. Imparfait, parfois longuet, mais le propos vaut tout de même son lot d’attentions.

10.01.2019

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 5 ans

“Les beaux parleurs”

Editeur, Alain est marié à Selena, comédienne, qui le trompe avec Léonard, écrivain jugé dépassé par Alain, qui ne souhaite plus le publier.

Au travail, dans l’intimité ou entre faux-amis, on palabre sur l’avenir des livres, la révolution culturelle numérique et ses conséquences, l’opportunisme politicien, bla, bla, bla…, le plus souvent une assiette sur les genoux, l’usage d’une table étant déjà dépassé. Masturbation vaguement intellectuelle, trop écrite et sans réelle finalité qui préfère étouffer les débats avec une cigarette ou une petite pipe. Dans les salons parisiens Rive gauche, quiches, collusions et marivaudage demeurent tendance, baumes illusoires appliqués sur petits bobos.

Personnages peu sympathiques, faux-raccords et comédiens récitant. Quelques bons mots, des questions pertinentes et le ton décalé de la nouvelle venue Nora Hamzawi illuminent avec peine cette comédie annoncée comme telle, mais qui aura bien du mal à dérider la France des gilets jaunes.

5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


Eric2017

il y a 5 ans

Ce film m'a ennuyé, au point de presque vouloir quitter la salle. Les dialogues sont longs et au bout de 30 minutes ils deviennent tout bonnement ennuyeux tant ils parlent, ils parlent. Par contre ce qui est réussi, c'est que J'ai eu le sentiment de faire partie de cette entreprise avec tous ces blablas, ces réunions etc...et sincèrement c'est ça qui ne m'a pas plu. Trop de réalité. Seul le casting et l'interprétation de l'ensemble des acteurs m'ont retenus. Quant aux doubles vies que le titre évoques et bien c'est d'une telle banalité que je me suis demandé pourquoi l'avoir mis dans le scénario. Sûr que des gens vont aimer ce film et c'est tant mieux, mais ce n'est pas mon cas. (G-17.01.19)Voir plus


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