Critique16. August 2022

«Là où chantent les écrevisses» - La petite musique du succès

«Là où chantent les écrevisses» - La petite musique du succès
© Sony Pictures Releasing Switzerland GmbH

Pour son second long-métrage, Olivia Newan adapte le best-seller signé Delia Owens. Oscillant entre le polar et le drame, l’intrigue retrace l’histoire de Kya Clark, femme solitaire vivant dans les marais, soudainement accusée de meurtre. Dommage que sa réalisatrice se contente de chemins conventionnels et balisés.

(Une critique de Fanny Agostino)

Dans le schéma tout à fait classique du flash-back, le récit délaisse rapidement l’enquête pour nous conter l’existence de cet enfant sauvage. Tous les éléments qui seront dévoilés par le truchement de ce retour en arrière permettront de comprendre les raisons qui ont poussé Kya à garder ses distances avec le monde extérieur. Comme un cycle sans fin, les abandons — de sa famille et des hommes — l’ont maintenue dans la solitude et une appréhension de la vie en autodidacte.

Ce n’est pas la première fois qu’Olivia Newman consacre un film à la réalité invisible d’une femme. En 2018, «First Match» auscultait le parcours chaotique d’une jeune adulte baladée de foyer en foyer dans les rues de Brooklyn. On y suivait l’itinéraire de «Mo», qui se construisait à travers le besoin de reconnaissance de son père, ancien athlète déchu. De l’exclusion urbaine à celle des grands espaces marécageux, il n’y a qu’un pas.

Daisy Edgar-Jone — découverte dans la série «Normal People» — interprète avec brio les étapes de vie de cette recluse, fuyant le monde qui l’entoure. Malheureusement, la progression rectiligne plonge l’ensemble dans une logique semblable à celle de «First Match», à savoir une structure cohérente et un scénario pertinent pour une réalisation décevante à plusieurs égards.

«Là où chantent les écrevisses» - La petite musique du succès
Une romance éclot dans les marais © Sony Pictures Releasing Switzerland GmbH

Les contraintes liées à l’adaptation seraient-elles responsables ? Peut-être bien, puisque l’intrigue ne cesse d’allonger les arcs narratifs à leurs extrêmes, ce qui pousse Olivia Newman à proposer à son tour des plans qui s’étalent et qui n’ont que peu d’intérêt pour la continuité narrative. Comme conséquence, sans en connaître les aboutissants, le spectateur anticipe chaque coup du scénario.

Cette lassitude atteint son paroxysme avec le triangle amoureux, — composé d’un Taylor John Smith peu convaincant — vu et revu au cinéma, au point que les différentes séquences le concernant pourraient servir de guide à des cinéastes néophytes.

Sans être foncièrement de mauvaise facture, «Là où chantent les écrevisses» se contente d’un portage sur grand écran bien platonique. Faut-il y observer la volonté de toucher un très large public, comme le livre qui ne compte pas moins de 15 millions d’exemplaires vendus ? À l’oreille de la réalisatrice, le chant des écrevisses a sonné sans originalité.

3/5 ★

Le 15 août au cinéma

Bande-annonce

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