Article12. Februar 2024

Entre cinéma de genre et musique : 5 choses à savoir sur Bertrand Bonello et «La Bête»

Entre cinéma de genre et musique : 5 choses à savoir sur Bertrand Bonello et «La Bête»
© Sister Distribution

Réalisateur atypique dans le paysage du cinéma français, Bertrand Bonello ne manque jamais de faire réagir grâce à son œuvre sensorielle et singulière. Avant de plonger dans les méandres de son dernier film présenté à la dernière Mostra de Venise, étiez-vous au fait de ces quelques anecdotes ?

1) Un début de carrière en musique :

Avant de se frotter au septième art, Bertrand Bonello s’était plutôt destiné au monde de la musique, lui qui rêvait de devenir chef d’orchestre durant son enfance. Bercé par les grands compositeurs classiques comme Mozart ou Schumann, mais tout aussi passionné par des artistes alors moins conventionnels comme Motörhead ou Iron Maiden, le jeune Bonello travaille en premier lieu comme musicien de studio. Là, il joue pour quelques interprètes renommés, dont Françoise Hardy ou Elliot Murphy. Enfin, c’est en découvrant «Stranger Than Paradise» (1984) de Jim Jarmusch que le réalisateur en herbe décide de se lancer quelques années plus tard : «En fait, le cinéma, ça peut être pensé comme de la musique. Et ce film a vraiment été un déclic pour moi», a-t-il déclaré au micro de Radio France.

2) Une œuvre qui se construit en famille :

Afin de mener ses projets à bien, Bonello s’entoure et s’inspire des personnes qui lui sont proches. Ainsi, on retrouve au générique de pas moins de treize de ses films, longs ou courts, la directrice de la photographie Josée Deshaies, qui n’est nulle autre que sa compagne à la ville. Deshaies s’est d’ailleurs vu nommée deux fois aux Césars pour son travail sur «L’Apollonide – souvenirs de la maison close» (2011) et «Saint Laurent» (2014), deux longs-métrages réalisés par son époux. La fille du cinéaste, Anna Bonello, a quant à elle inspiré la plupart des réflexions de son père dans ses œuvres consacrées à la jeunesse, parmi lesquelles «Nocturama» (2016) et «Coma» (2022). De plus, ils signent ensemble la musique de la nouvelle œuvre de Bonello père, «La Bête» (2024).

«L’Apollonide – souvenirs de la maison close» (2011) © Agora Films

3) Des films « fantastiques » :

Alors qu’il présidait le 28e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer en 2021, Bonello en a profité pour crier son amour du cinéma de genre : «C’est la base de ma cinéphilie !», confie-t-il au Journal du Dimanche. Enfant, ce sont avant tout les films fantastiques et d’horreur qui lui parviennent via le marchand de journaux, à défaut d’avoir un vidéoclub près de chez lui. Dario Argento, William Friedkin ou George A. Romero sont d’autant de chocs cinéphiles que d’inspirations pour sa carrière. En effet, Bonello a insufflé à son œuvre des touches de genres plus ou moins prononcées, de «Nocturama» (2016) qu’il considère comme un film d’horreur à «Zombi Child» (2019), bien plus explicite à ce niveau. Désormais, c'est au tour de la science-fiction de s’immiscer dans son cinéma.

4) Libre adaptation d’un mélodrame :

Dans son exploration des genres cinématographiques, le mélodrame s’est imposé comme une étape importante, Bonello ayant toujours ambitionné d’en réaliser un. Lorsqu’il était à la recherche d’un sujet adéquat, le cinéaste s’est alors souvenu de ses lectures passionnées de la nouvelle de Henry James, «La Bête dans la Jungle», publiée en 1903. De ses propres aveux, le scénario n’est que très librement adapté, conservant surtout l’argument principal du texte et allant même jusqu’à ajouter des éléments de science-fiction afin de traiter de manière plus contemporaine la peur d’aimer. Le hasard du calendrier fait que «La Bête» (2024) ne sort en salle que quelques mois après une autre adaptation de cette nouvelle pour le cinéma français : «La Bête dans la Jungle» (2023) de Patric Chiha.

«Zombi Child» © Adok Films

5) En hommage à Gaspard Ulliel :

«La Bête» (2024) devait marquer la troisième collaboration entre Bertrand Bonello et le regretté Gaspard Ulliel, décédé en 2022. L’acteur aurait ainsi retrouvé Léa Seydoux avec qui il avait déjà joué dans «Saint Laurent» (2014), après avoir prêté sa voix à une poupée dans «Coma» (2022), ultime projet qu’il ait pu mener à terme avant sa disparition. À la suite de cette tragédie, Bonello n’a toutefois pas souhaité abandonner ce dernier film, mais a plutôt choisi de confier le rôle à un acteur anglo-saxon afin de ne pas comparer son interprétation à ce qu’aurait pu proposer Ulliel. C’est finalement le comédien britannique George MacKay qui a pris la relève et que l’on peut désormais voir à l’affiche aux côtés de Léa Seydoux. Bertrand Bonello a par ailleurs dédié «La Bête» à Gaspard Ulliel.

Pour aller plus loin :

Nous vous recommandons «Titane», film de Julia Ducournau dans lequel Bertrand Bonello interprète le père du personnage principal. Disponible sur :

«Nocturama», film emblématique de Bertrand Bonello dans lequel une poignée de jeunes entame un curieux périple nocturne. Disponible sur :

«L'apollonide (Souvenirs de la maison close)», de Bertrand Bonello qui raconte l'histoire d'une luxueuse maison close à l'aube du XX ème siècle. Disponible sur :

Et enfin «Saint Laurent», biopic de Bertrand Bonello consacré à l’illustre créateur incarné par Gaspard Ulliel.

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