Cette musique ne joue pour personne France 2021 – 88min.

Critique du film

Les gentils brigands du Nord

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Nouveau long-métrage de l’auteur de Chien, J’ai toujours rêvé d’être un gangster et autres farces joliment absurdes, Samuel Benchetrit revient en troupe (ou trouple) pour son nouveau long-métrage Cette musique ne joue pour personne. L’histoire de gentils brigands qui tour à tour découvrent les bienfaits enchanteurs du théâtre, de l’amour et de la poésie. De quoi réveiller les dockers du Nord.

Sur les docks, ils sont quelques brigands à bourlinguer d’affaires douteuses ; hommes de main dockers, accessoirement pères et maris. Des quotidiens isolés qui s'habituent peu à peu à la violence, mais leurs vies sont bouleversées alors qu’apparaît l'art et l'amour. Ainsi Jeff (François Damiens) tente d’écrire un poème pour la charmante caissière au pull rose et Neptune (Ramzy Bedia) essaiera de lui transmettre. En tandem avec Jésus (Joey Starr), Poussin (Bouli Lanners) tente de faire de la boom de sa fille un succès, alors que Vanessa Paradis déploie ses talents dans un musical sur Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.

Septième long-métrage du cinéaste, Cette musique ne joue pour personne emprunte aux souvenirs des Aki Kaurismäki, Jim Jarmush et aux comédies des frères Coen ; la lose est belle chez Samuel Benchetrit. Bientôt en proie à une tendresse qui les dépasse, ici les durs deviennent des tendres, et pour leur rendre hommage, quoi de mieux que de leur donner les clés des arts et des vertiges de l’amour. Une intrigue tournée à Dunkerque, loin de l’opération Dynamo filmée par Christopher Nolan. Anti-héros du Nord à la mine basse, ils gravitent autour de Jeff interprété par un touchant François Damiens, chef de file d’une bande de malfrats-dockers. Les créances commencent à trainer alors il envoie Jacky (Gustave Kervern) et sa hache frapper à la baie vitrée du domicile de son comptable. Et ainsi s’ouvre la fable.

Samuel Benchetrit dévoile une galerie de personnages terne et solaire à la fois, à l’image d’un toujours excellent Bouli Lanners qui matraque ses contemporains un livre de self-control à la main, d’un Joeystarr drôle et paternel, que l’on découvre incollable sur Harry Poter ou d’une discrète et sensible Valeria Bruni Tedeschi. Sans oublier une Vanessa Paradis bégayante, charmante et coiffée, à l’aube du rôle de sa vie, d’un turban très Beauvoir, et de la progéniture Benchetrit, Jules, qui incarne ici un Rudy survolté. Jusque dans les rôles secondaires, Samuel Benchetrit fait preuve d’une poésie dérisoire et parfaitement drôle.

Dès l'ouverture, avec ce Debussy orchestré par un sac plastique qui se joue à huit clos face à la mer, ici rien ne vous submerge, mais tout est envoutant. Cette musique ne joue pour personne est de ces comédies qui ne révolutionnent rien, mais qui le font si bien. Une heure et demie d’accalmie dans la vie des brutes, une petite madeleine en somme, saupoudrée du talent si singulier du cinéaste qui nous la conte, et d’un casting qui ne manque pas de piocher parmi les perles du cinéma belge. Samuel Benchetrit est un conteur, c’est certain, un dialoguiste, un scénariste (ici en duo avec Gabor Rassov) et un metteur en scène de choix. D’aucuns lui reprocheront de faire du Benchetrit, mais l’auteur a du style, c’est un fait. Au placard la déprime chronique du Chien (2018), le cinéaste en a repris justement du chien, et diable que c’est bon!

27.09.2021

4

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Commentaires

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Eric2017

il y a 2 ans

C'est un film qui fera des entrées grâce à la pléiade d'acteurs. Malheureusement ça ne suffit pas car le scénario est décousu, parfois incohérent et le film ne démarre jamais. Le résultat est frustrant! Pour moi seule Vanessa Paradis est au-dessus des autres. (G-06.10.21)


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