My Summer With Irene France, Italie 2024 – 90min.

Critique du film

Partir et oublier

Critique du film: Maxime Maynard

Dans «My Summer with Irene» («Quell’estate con Irène» en V.O), l’actrice française Noée Abita se retrouve en Italie devant la caméra du cinéaste romain Carlo Sironi. Une œuvre splendide et nostalgique.

Dans un camp de vacances pour jeune en rémission, Carla (Maria Camilla Brandenburg) rencontre Irène (Noée Abita). Bien que différentes, les deux adolescentes deviennent rapidement amies. Sans en parler à personne, elles décident de partir ensemble au bord de mer. Sur une petite île, elles profitent de leur été et, pour la première fois depuis longtemps, de leurs adolescences.

Nostalgique et mélancolique, le nouveau film de Carlo Sironi embarque le public, le temps d’un été, pour la côte italienne. Et cinq ans après son premier long métrage «Sole», il offre une œuvre contemplative, touchante et magnifique. Pour conter son histoire, il remonte le temps jusque dans les années 90. Si la période n’est pas clairement précisée, elle se ressent dans chaque petit détail vestimentaire et technique.

Dans un bus, un groupe d’adolescents moroses patiente. Corps aminci, cheveux courts ou crâne chauves, la maladie ne les a pas épargnés. Arrivés au camp de vacances, ils doivent apprendre à coexister avec la peur constante d’une rechute possiblement plus intense que la précédente. Parmi-eux, Carla et Irène, le visage grave, se lient d’amitié et ensemble, enfin, le temps de quelques instants, oublient presque leur condition.

Dans la peau d’Irène, le personnage titre, on retrouve la française Noée Abita. Depuis son premier rôle à l’écran dans «Ava» de Léa Mysius en 2017, elle a enchaîné les représentations adolescentes pour devenir le visage d’une génération. De son regard intense, qui se lit comme dans un livre ouvert, elle partage la moindre des émotions que son personnage hésite à exprimer à haute voix.

Maria Camilla Brandenburg, connue en Italie pour sa participation à la version locale de la série à succès norvégienne, «Skam», habite son personnage. Si son expression se fait majoritairement neutre, elle s’ouvre au fur et à mesure, alors que Carla réapprend l’adolescence. Entre elle et Irène, les dialogues sont souvent superficiels, voire absents, mais les instants de silence se comprennent aussi clairement que mille mots.

Avec leurs corps frêles cachés sous de larges vêtements pour se protéger du soleil, elles hantent par leur présence fantasmagorique les magnifiques paysages côtiers italiens. En plus de vingt-cinq ans d’expérience, le directeur de la photographie hongrois Gergely Poharnok a vu son travail récompensé dans de nombreux festivals européens. Déjà en 2022, il magnifiait le pays de Dante dans «L’immensità» d'Emanuele Crialese. Ici, il capture merveilleusement l’intensité des couleurs dans des plans idylliques à couper le souffle.

Dans ces paysages de rêves, Carla et Irène tentent d’oublier le monde et la maladie : une petite pause pour vivre à nouveau. Et porté par un duo d’actrices solaire, «My summer with Irene» est un agréable récit d’apprentissage magnifiquement mis en image. Grazie mille Carlo Sironi.

(Berlinale 2024)

28.02.2024

4

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