Hors du temps France 2024 – 105min.

Critique du film

Le confinement à travers les yeux d’Olivier Assayas

Critique du film: Maxime Maynard

Deux ans après sa série «Irma Vep», le cinéaste français Olivier Assayas revient au format long et propose une version fictionalisée de son expérience du confinement. «Hors du temps», en compétition officielle à la Berlinale, est un fourre-tout fade et pompeux.

Printemps 2020. Paul (Vincent Macaigne), réalisateur, est confiné dans la maison de campagne familiale avec son petit frère Étienne (Micha Lescot) et leurs partenaires respectives, Morgane (Nine d’Urso) et Carole (Nora Hamzawi). Dans ce temps suspendu, ils discutent, se disputent, se souviennent.

Olivier Assayas est un spécialiste des œuvres méta, miroir d’un univers cinématographique qu’il connaît bien. De son film «Irma Vep» en 1996 à l’adaptation sérielle de ce dernier en 2022, il s'est emparé du jeu théâtral propre au plateau de tournage pour offrir des œuvres aussi personnelles qu’universelles. Dans «Hors du Temps», il pousse le dessein encore plus loin et présente un vrai-faux essai autobiographique.

S’il se prénomme Paul dans le film, Vincent Macaigne interprète ouvertement le cinéaste et calque adéquatement les intonations de ce dernier. Une honorable performance, qui n’empêche pas de questionner le choix de l’acteur, bien trop jeune. En effet, voir Macaigne, né en 1978, partager avec entrain les souvenirs propres à Assayas, né en 1955, peut laisser dubitatif lorsqu’il insiste sur ses expériences professionnelles des années 80.

Malheureusement, le reste de la distribution propose des prestations souvent inégales. Seule Nora Hamzawi sort du lot avec un jeu plaisant et naturel. De son côté, celui de Micha Lescot et Nine d’Urso, bien qu’honnête, reste bien peu mémorable et les relations entre les personnages s’en retrouvent clairement impactées. Si le sentiment fraternel entre Paul et Etienne est palpable, leurs romances respectives peinent à convaincre et laissent de marbre.

Pour construire son film, Olivier Assayas fait ce qu’il sait faire de mieux et propose une œuvre hybride entrecoupée de petits instants d’aparté. En voix hors-champs, il décrit la maison de son enfance, partage l’histoire familiale et se remémore sa jeunesse, le tout appuyé par des photos et des reconstitutions en noir et blanc. Des parenthèses narratives qui ont fâcheusement tendance à casser le rythme d’un récit déjà fort peu attrayant.

Dans le huis clos d’une grande maison de campagne, les personnages discutent d’art, de littérature, de cinéma, de musique, se baladent dans le petit parc privé des voisins ou partent faire du tennis sur le terrain familial. En partageant son expérience du confinement, le cinéaste tente de capturer les instants flottants d’une période d’appréhension et d’anxiété mondiales. Mais son vécu, particulièrement privilégié, ne parlera, finalement, qu’à bien peu de gens.

(Berlinale 2024)

26.02.2024

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