Novembre Belgique, France, Grèce 2022 – 105min.

Critique du film

Après l’horreur

Critique du film: Damien Brodard

Après le gros succès que fut son BAC Nord (2021), le Français Cédric Jimenez se risque une fois de plus à traiter un sujet délicat : les attentats du 13 novembre 2015.

Le soir du 13 novembre 2015, des terroristes lourdement armés s’attaquent à la capitale française en faisant 130 morts et plus de 400 blessés, dans ce qui reste l’un des attentats les plus meurtriers survenus en Europe. Le soir-même, une équipe du service de la sous-direction anti-terroriste, menée par Fred (Jean Dujardin), se lance alors dans une chasse à l’homme implacable afin de mettre hors d’état de nuire les fugitifs.

Outre les différentes polémiques qu’il a pu engendrer, Cédric Jimenez a prouvé avec son précédent film qu’il était capable de mettre en images des scènes d’action frénétiques et pleines de tension avec un talent certain. Grâce à un montage millimétré et un indéniable sens du rythme, le réalisateur confirme son aisance pour les thrillers haletants. Le long-métrage s’engage à toute allure dans une chasse à l’homme chaotique et parvient à installer un stress perpétuel, en allouant une force percutante à des séquences parfois très pesantes. Le film a la décence de ne pas montrer les attentats et de limiter le plus possible les apparitions des terroristes ; un choix sans doute judicieux, tant le contraire aurait été obscène, d’après les aveux de Jimenez lui-même.

On suit donc presque exclusivement l’enquête menée par la cellule anti-terroriste, leurs procédures et interventions, mais aussi leurs échecs cuisants. C’est d’ailleurs de ce schéma narratif que découlent de légers bémols. Si la traque s’avère intéressante à suivre et relativement fluide, elle n’en demeure pas moins programmatique et finalement assez classique. Malgré une imposante distribution cinq étoiles, on peine à trouver une réelle attache devant ce qui s’apparente plus à un simple récapitulatif de faits, aussi bien réalisé soit-il.

Reste que Jean Dujardin, Anaïs Demoustier ou Sandrine Kiberlain notamment, ont tous de quoi briller et s’imposer à un moment ou un autre. Il faut tout de même saluer au milieu de toutes ces pointures la performance de la saisissante Lyna Khoudri, qui ne cesse d’impressionner à chaque nouveau rôle. En dépit d’un résultat final malencontreusement conventionnel, mais où le contraire aurait assurément été mal venu au vu de la tragédie encore récente, Novembre se trouve être un thriller policier convaincant et solide de bout en bout, porté par des interprètes très impliqués.

24.11.2022

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 1 an

“Etat d’urgence”

13 novembre 2015, quelques mois après une opération ratée à Athènes, la cellule antiterroriste de Paris est sur les nerfs. Des attentats viennent d’être perpétrés dans la capitale.

Pas le temps de souffler. Les dernières paroles de la chanson enjouée du générique laissent place sans attendre aux sonneries intempestives des téléphones. Les premières informations fusent. Paris, ville attaquée. Le jogging déstressant du soir se transforme en sprint. Tant pis pour le match et les verres au bar. Il faut rapidement retourner au travail et commencer la traque.

Dans l’excellent Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow pourchassait Ben Laden. Homme d’action, Cédric Jimenez semble s’en inspirer. Sa caméra se sent à l’aise dans le mouvement au plus près de ses acteurs. Dujardin, Demoustier, Kiberlain, Renier et bien d’autres. Son casting étoilé brille, mais peine à trouver une cohésion d’équipe. Chacun s’en tient à un rôle très cadré. Le film évite le piège de la reconstitution des différentes tueries, préférant se focaliser sur l’enquête menée durant ces 5 jours et nuits. Des scènes intérieures de bureau alternent avec des filatures extérieures, des interrogatoires pressants, planques et fausses pistes, avant qu’un déluge de feu impressionnant ne s’abatte lors de l’assaut final. C’est à la fois l’intérêt et la limite de l’entreprise. Les différents personnages au travail manquent d’épaisseur, alors que, seule, l’Américaine Jessica Chastain nous emmenait avec elle. Il faut attendre l’intervention de Lyna Khoudri, clé de voûte de l’affaire, pour ressentir une émotion plus profonde. Le dilemme qui la ronge aurait pu être l’objet central de cet état d’urgence.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


Eric2017

il y a 1 an

Ce que j'ai apprécié dans ce film c'est la manière de filmer. Toujours en mouvement, on a l'impression de vivre les images, d'être en immersion avec le sujet. C'est juste incroyable. Quant aux interprètes principaux Dujardin et Kiberlain sont très bien, mais j'aurais préféré avoir des acteurs(trices) moins "stars" pour donner encore plus de valeurs aux personnages. Anaïs Desmoutier est magnifique dans son rôle et pouvait à elle seule être l'actrice principale.
Excellent film ! (F-20.10.22 et 27.10.22)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


vincenzobino

il y a 1 an

November rain
13 novembre 2015: Paris est frappé par une série d’attentats dont le cerveau avait été manqué 10 mois plus tôt lors d’une opération antiterroriste à Athènes. Fred, le responsable de la cellule appliquée et son équipe sont sur le pied de guerre pour identifier le commando. Son équipe est totalement appliquée dont Ines qui intercepte un message de Samia, une jeune fille marocaine hébergeant sans le savoir l’un des membres du commando.
La voici cette infiltration choc et ce second long-métrage consacré aux attentats de 2015. Après le statut de victime, place à la traque. Avec quasiment la même efficacité.
La séquence grecque met en lumière les lacunes et l’on craint sur le moment d’assister à une satire malgré elle de l’inefficacité occidentale face à l’organisation djihadiste davantage efficace. Illustration avec de fortes tensions hiérarchiques dont un interrogatoire surréaliste où on aurait envie de gifler l’un des intervenants. C’était sans compter sur la véritable mission de cette cellule : la surveillance de l’ennemi.
Et cette traque va déboucher sur une séquence humainement forte où le fait d’héberger quelqu’un sans connaître ses motivations va créer une relation de confiance entre ces deux femmes ne tenant qu’à un fil et ne permettant pas la moindre lacune; puis sur vingt dernières minutes où le temps météorologique et chronométrique va s’arrêter littéralement et entraîner révolte et soulagement d’une part, mais surtout de la reconnaissance.
N’ayant pas vu Bac Nord, cette découverte du style Jimenez m’a scotché et ce procès en soi avec une plaidoirie implacable, un interrogatoire ne tenant qu’à un fil et surtout un verdict lourd dont on met du temps à se remettre, fait oublier que les noms des protagonistes gendarmes sont fictifs mais ceux des terroristes justement maintenus.
Coup de cœur pour cette performance visuelle, cette interprétation remarquable d’Anais Demoustier stupéfiante et surtout pour ce frisson final que constitue l’ultime rappel.
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