Sans signe particulier Mexique, Espagne 2020 – 97min.

Critique du film

Le diable sur la route

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

De passage à Sundance où il remporte le Prix du Public, et à Zurich où il décroche de Golden Eye du meilleur film international, Fernanda Valadez signe un premier film d’une sagesse et d’une maturité rare. Sans signe particulier dévoile un conte assourdissant alors qu’une mère s’en va sur les routes du Mexique à la recherche de son fils disparu.

Dans l’espoir d’une vie meilleure, son fils avait embarqué à bord du bus 670 il y a des mois de ça. Aujourd’hui donné pour mort, comme tant d’autres qui ont tenté de se rentre aux États-Unis, Magdalena ne peut se résoudre au funeste sort que lui rabâche les administrations. Malgré son illettrisme et ses faibles moyens, elle embarque dans un voyage à corps et cœur perdus, vers la frontière sur les route du Nord. Sur son chemin, elle croise un jeune garçon qui tente de rentrer chez lui après des années d’absence; réunis dans le périple par le drame qui les habite.

Il aura suffi d’un seul film à Fernanda Valadez pour s’imposer comme une référence majeure du cinéma mexicain contemporain. Porté par la cinématographie somptueuse de Claudia Becerril Bulos, Sans signe particulier est une brillante pièce scénaristique qui s’immisce dans les arcanes sociaux du Mexique. Mais qu’a-t-il-bien pu arriver au bus 670? Dans Sans signe particulier, le mutisme est d’or, personne (ou presque) ne veut répondre à cette question pourtant simple. La mort comme bagatelle administrative où l’on identifie les corps à la chaine.

Un road-movie lyrique, poétique et mystique inspiré par Walkabout de Nicolas Roeg, Sans signe particulier est ce conte tragique de l’horreur sur les routes du Mexique. Une narration lente et une caméra qui balaye les paysages et la désolation environnante. Un périple qui embarque sa protagoniste (formidablement campée par l’actrice Mercedes Hernández) dans l’estuaire des cartels à la frontière avec les États-Unis. Jesús (Juan Jesús Varela) est pris au piège d’un panier de crabes rouges comme le diable. La quête de cette mère est rendue avec noblesse, entre les lignes, la réalité assassine de ces enfants soldats pris dans les mailles des gangs. Notons aussi que pour cette fable magnifique, Fernanda Valadez s’est entourée d’une équipe presque exclusivement féminine. Un premier long-métrage à couper le souffle!

20.11.2020

4

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