The Assassin Chine, France, Hong-Kong, Taïwan 2015 – 105min.

Critique du film

The Assassin

Critique du film: Geoffrey Crété

Chine, IX siècle. Confiée pendant des années à une mystérieuse femme qui lui a enseigné les arts martiaux, Nie Yinniang retrouve sa famille. Devenue une guerrière redoutable, elle est chargée d’éliminer Tian Ji’an, gouverneur de la province de Weibo, qui se lève face à l’Empereur et refuse son autorité. Mais Tian Ji’an est le cousin de Nie, auquel elle était promise des années auparavant. Et alors que l’ordre des Assassins lui ordonne de l’abattre, elle a des doutes sur sa mission et ses sentiments de femme…

Le silence a ses limites, et le cinéma opaque du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien aussi. Drapé dans une mise en scène soignée, qui économise les coups d’épée et se laisse envoûter par les feuilles sauvages, The Assassin intrigue, impressionne, puis lasse et assomme. Impénétrable, l’histoire s’éternise sur des enjeux pourtant bien ordinaires (le dilemme d’une tueuse chargée d’assassiner un homme pour qui elle éprouve des sentiments). Obscurs, les personnages passent de statues à poupées désarticulées, le temps de scènes d’affrontement auxquelles le cinéaste semble résister (lorsque l’héroïne ne fuit pas le combat, la caméra reste loin). Le film s’enlise vite dans des partis pris artistiques qui, au lieu d’envoûter et émerveiller, ennuient et irritent. The Assassin a été salué par un Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015, mais il n’en reste pas moins une déception de la part du réalisateur de La Cité des douleurs et Millenium Mambo, où son actrice fétiche Shu Qui était bien mieux servie.

07.03.2016

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Commentaires

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arn1

il y a 8 ans

Magnifique ! Décors, paysages, costumes et musique somptueux. Pour le scénario, j'ai l'impression d'en avoir capté la moitié tellement il semble me manquer de clés. Je pense quand même que je retournerai le voir pour essayer de comprendre !


TOSCANE

il y a 8 ans

Un film étrange et mélancolique. Une succession de tableaux que j’aurais aimé contempler plus longtemps. Une presque absence de musique remplacée par les crissements et bruissements des soies. On croit même respirer la fumée des bougies qui se consument. Un film lent où les regards sont plus éloquents que les paroles murmurées. Du grand art. Mais avant d’aller voir ce film lisez le synopsis, sauf si vous comprenez parfaitement le mandarin et que vous n’êtes pas contraints de lire les sous-titres. Une surprise finale, la musique d’un bagdad !Voir plus


CineFiliK

il y a 8 ans

Pensée du jour : Killing me softly

Dans une Chine médiévale fragilisée par les manœuvres politiques, Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil. Formée secrètement aux arts martiaux, elle fait désormais partie de l’ordre redoutable des assassins. Sa prochaine mission, tuer le gouverneur Tian Jian, menace potentielle de l’Empire et… l’homme qu’elle aime depuis toujours.

"Ta technique est irréprochable mais ton âme reste prisonnière de tes sentiments." Ainsi sermonne la nonne taoïste tout de blanc vêtue l’ange noir magnifique qui se tient à ses côtés. Le sacrifice ou la trahison, voilà tout ce qu’il reste à Yinniang. Au bord de la falaise, la confrontation entre les deux femmes s’achève dans une brume opaque du plus bel effet. Sentence clé et reflet symbole du sentiment du spectateur ? Après un prologue entre gris clairs et gris foncés, le film arbore des teintes plus que saturées. Le Taïwanais, grand prix de la mise en scène à Cannes en 2015, s’appuie sur l’esthétisme pour séduire quitte à obscurcir son intrigue. Entre l’épure, les ellipses et les digressions, son propos pourtant simple s’enfume. Préférant la contemplation, il limite l’action et raréfie les scènes de combat, quitte à décevoir les passionnés du genre qui espéraient retrouver le spectaculaire des Ang Lee, Zhang Yimou ou Wong Kar-wai. Restent le beau et le vain dans ce voyage en une Asie exotique et mythique. Renforcé par son format 4:3, le film a les allures d’une suite de tableaux admirables mais dont l’histoire et le contenu demeurent lointains au point d’en entraver la force émotionnelle.

7/10
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