Class Enemy Slovénie 2013 – 112min.

Critique du film

Razredni sovraznik

Critique du film: Hela Khamarou

« Être étudiant n’est pas un droit mais un devoir ». Un nouveau professeur d’allemand (Igor Samobor) débarque dans un lycée pour assurer le départ d’un professeur en congé maternité. Il se retrouve face à des élèves indisciplinés qui sont récalcitrants à ses méthodes d’enseignement qu’ils jugent trop strictes et inadaptées aux XXIème siècle. Alors que les rapports deviennent de plus en plus tendus, une élève se suicide. Pour les élèves, il n’y a pas de doute, ce nouveau professeur est responsable de son suicide.

Premier long métrage du slovène Rok Bicek, ce jeune réalisateur (28 ans) s’est inspiré de sa propre expérience en tant qu’élève afin de proposer un film à l’esthétique épurée et où les mots sont choisis avec pertinence. Class Enemy (Razredni Sovraznik) s’immisce dans le quotidien d’une classe de lycée où tout va dégénérer après le suicide de Sabina (Dasa Cupevski), une élève introvertie. Face à l’incompréhension totale du corps enseignant, des parents et des élèves, il faut trouver un coupable. Pour ses camarades, il ne fait aucun doute que les méthodes de ce professeur rigide et inflexible sont les coupables de ce drame. Les élèves se rebellent et s’entredéchirent face à cette situation devant laquelle ils sont totalement démunis et impuissants. Bicek filme la logique de groupe, telle une meute, en milieu scolaire. Ce n’est que trop tard qu’ils se rendront compte que tout n’est pas noir ou blanc.

Traitant d’un sujet dramatique du quotidien, avec de longs plans et une palette chromatique neutre, on retrouve ici ses réalisateurs de références Michael Haneke, Christian Mungiu et Andrey Zvyagintsev. Un film sous tension filmé avec justesse et réalisme et qui s’appuie sur l’idée que tout peut basculer avec l’arrivée d’un élément extérieur venant déranger une tranquillité toute relative. Entre permissivité à outrance des parents et de certains professeurs défaitistes (l’une d’elle dira d’ailleurs « Avant ils [les élèves] avaient peur de nous, maintenant nous avons peur d’eux), et enseignement sans compromis, les deux camps se confrontent, animés non pas par la raison, mais par le choc émotionnel. C’est un film qui en dit autant sur le milieu scolaire que sur la société dans son ensemble. Dans une interview, Bicek a d’ailleurs affirmé que « L'école du film est comme une micro société à l'image de mon pays. »

01.09.2014

4

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