Critique4. September 2023

Mostra 2023 : «DogMan», le nouveau Luc Besson a-t-il du chien ?

Mostra 2023 : «DogMan», le nouveau Luc Besson a-t-il du chien ?
© La Biennale di Venezia

Malgré les polémiques concernant la sélection d’un film de Luc Besson à la Mostra de Venise, «DogMan» est tout de même présenté en compétition sur le Lido.

(Une critique de Damien Brodard, depuis la Mostra de Venise)

Ayant grandi avec un père violent et un frère méprisant, Douglas (Caleb Landry Jones) a trouvé refuge dans l’affection qu’il porte à ses chiens. Un soir, alors qu’il se fait arrêter par la police en compagnie de ses fidèles canidés, il commence à raconter son histoire extraordinaire à la psychiatre Evelyn (Jojo T. Gibbs).

«Joker» (2019), Lion d’Or controversé il y a quelques années, a déjà fait des émules. L’inspiration du film américain se fait indéniablement sentir dans le «DogMan» du Français Luc Besson qui en profite pour renouer avec un thriller centré sur un personnage marginal, comme l’a pu être «Léon» (1994) en son temps. À la différence de son homologue américain qui avait bénéficié, quoi qu’on en pense, d’un soin tout particulier, la caméra de Besson s’impose lourdement avec le manque de subtilité habituel qu’on lui connaît. Des ralentis grotesques pour immortaliser une bande de canidés hors-la-loi, des scènes d’action d’une banalité morne : tout en devient risible. Même la photographie de Colin Wandersman et la musique d’Eric Serra, qui auraient pu se montrer intéressantes, contribuent en fait à la déroute – l’une exagérant outrageusement les lumières colorées, tandis que l’autre ne se cantonne qu’à essayer d’iconiser des personnages à coup de basses bien redondantes.

Il reste toutefois quelques rescapés dans ce ratage cinématographique. Tout d’abord, Caleb Landry Jones, l’interprète principal qui parvient une fois encore à jouer sur le fil du rasoir, tantôt attachant, tantôt réellement inquiétant. L’acteur américain porte à bout de bras le rôle de ce marginal brisé par la société, trouvant en sa meute de chiens une famille de substitution aimante, tout en étant accueilli à bras ouvert par la communauté Drag. Le premier degré de la narration ainsi que la sincérité du jeu de Jones peuvent l’emporter sur les nombreux défauts du long métrage, mais se détacher de l’enrobage s’avère complexe. Un dernier mot sur les protagonistes canins, dont le travail de dressage a dû nécessiter un effort colossal tant leur comportement est réussi, à supposer que la suspension d’incrédulité n’ait pas mis les voiles avec la subtilité. Tout compte fait, «DogMan» est probablement l’un des films les moins ratés de Besson de ces dernières années, mais cela suffisait-il vraiment pour lui octroyer une place dans la compétition de la Mostra de Venise ?

2,5/5 ★

Le 27 septembre au cinéma

Plus d'informations sur «DogMan»

Bande-annonce de «DogMan»

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