Article27. September 2022
Cineman Redaktion
Les 5 Palmes d’or les plus scandaleuses

Tandis que sort en salle la Palme d’or 2022 «Sans filtre», il est l’occasion de revenir sur les scandales déclenchés par les films palmés à Cannes. Faute de goût ou de jury visionnaire, ce sera à vous de vous faire votre propre avis en (re)visionnant ces quelques longs-métrages sélectionnés pour leur réception explosive.
(Un article de Kilian Kunker)
Deuxième Palme d’or pour l’enfant terrible suédois Ruben Östlund, un exploit qu’il peut se targuer de partager avec Francis Ford Coppola, les frères Dardenne, Michael Haneke ou encore Ken Loach pour ne citer qu’eux. Après l’étrille passée sur le monde de l’art qu’était «The Square» en 2017, il réitère en centrant son récit sur l’influence et la mode avec le film palmé de 2022 «Sans filtre» (ou son plus joli titre anglais «Triangle of Sadness»), sortant dans les salles le 28 septembre. Une virée en croisière de luxe qui, forcément, tourne au cauchemar. L’occasion ici de revenir sur quatre Palmes d’or qui, comme celles d’Östlund, ont fait polémique.
1 - La Dolce vita (1960)
Sifflé lors de sa première, Federico Fellini se fait cracher dessus et Marcello Mastroianni, l’acteur principal, insulter. Il faut dire que durant les presque trois heures que dure ce film à sketchs explorant la vie de différentes strates de la société italienne de l’après-guerre, Fellini n’est pas tendre. Suivant les pérégrinations de l’aspirant journaliste Marcello Rubini (Marcello Mastroianni), on y découvre un microcosme oisif, débauché, avide de sensation, voyeur…
Bref, une multiplication de culs-de-sac pour le héros qui finira bien seul, un destin d’ailleurs récurrent des personnages du grand réalisateur italien. En somme, «La dolce vita» est un chef-d’œuvre qui met en place toute la grammaire qui fera le cinéma de Fellini dans le futur, méritant très largement sa Palme d’or.
2 - Sous le soleil de Satan (1987)
«Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus», scande Pialat, le poing levé, en enlevant la Palme d’or adressée au film «Sous le soleil de Satan» des mains d’un Yves Montant visiblement tendu par les huées du public. Adaptation d’un livre éponyme de George Bernanos, on y rencontre l’abbé Donissant (Gérard Depardieu) perturbé dans sa foi et Mouchette (Sandrine Bonnaire), une jeune femme de seize ans, qui croisera la route de l’homme d’Église.
Décision unanime courageuse d’un jury allant contre l’attente générale qui voyait «Les Ailes du désir» de Wim Wenders couronné de la plus haute récompense cannoise. Un choix argumenté par la suite par Montant lui-même, motivant ce verdict ferme par le fait que Pialat mettait, selon lui, «le cinéma sur un autre niveau, à un autre étage».
3 - «La Vie d’Adèle» (2013)
Faisant sans surprise bondir la droite réactionnaire, le nouveau film d’Abdellatif Kechiche figurant le couple Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos se voit couronné de la Palme d’or. Mais boudé par les Césars 2014, égratigné par une bonne partie de l’équipe technique, plombé par la gêne des deux actrices principales face aux récurrentes scènes de sexe, lâché par Jul'Maroh auteur de la BD de laquelle est adapté «La Vie d’Adèle», Abdellatif Kechiche se retrouve isolé après la réception de l’ultime récompense cannoise. Tant et si bien qu’il affirmera à Télérama que son film ne devrait pas sortir, tant il a été trainé dans la boue. Pourtant, le public répond présent puisqu’en France il sera vu plus d’un million de fois à sa sortie et placé, par la BBC, dans la liste des cents plus grands films du vingt-et-unième siècle.
4 - «Titane» (2021)
Secouant la Croisette et ses spectateurs visiblement guère habitués de productions horrifiques, «Titane» de la française Julia Ducournau n’a pas fait l’unanimité. Malaises, intervention des pompiers, départ en grappes de spectateurs visiblement énervés, le Palais des Festivals se souviendra longtemps de cette projection.
Narrant l’histoire d’un père (Vincent Lindon) amputé de son enfant, mais le retrouvant quelques dix ans plus tard, «Titane» ne lésine en effet pas sur les effets gore. Ducournau ne cache d’ailleurs pas sa plus grande influence pour son second long-métrage : le sulfureux «Crash» de David Cronenberg. Et malgré ce côté trash, c’est pourtant bien «Titane» qui va remporter de la part du jury présidé par Spike Lee le plus prestigieux prix cannois. Rappelons que Ducournau devient ainsi la seconde femme seulement à le recevoir, après Jane Campion et son film «La Leçon de Piano».
«Sans filtre» est à découvrir au cinéma le 28 septembre.
Bande-annonce
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