Critique28. September 2022

«Sans filtre» - Satire irrévérencieuse et jubilatoire

«Sans filtre» - Satire irrévérencieuse et jubilatoire
© Xenix Filmdistribution GmbH

Après avoir décroché la Palme d’Or en 2017 avec «The Square», le cinéaste suédois a remporté une nouvelle fois la plus prestigieuse des récompenses à Cannes avec un film acide et satirique : «Sans filtre». Le cinéaste rejoint, au passage, le club des doubles palmés à Cannes aux côtés de Ken Loach, des frères Dardenne ou encore de Michael Haneke.

(Une critique de Teresa Vena)

Dans son nouveau film, Ruben Östlund nous donne énormément à voir. Un sentiment d'inconfort nous traverse pendant les trois parties de ce film de deux heures et demie. À son apogée, «Triangle of Sadness» (pauvrement traduit par «Sans Filtre» en français) piétine même la limite du supportable. Le long métrage révèle en effet une critique acerbe des super-riches et des beaux de ce monde.

Ainsi, Yaya (Charlbi Dean), magnifique mannequin, souhaite arrêter sa carrière et épouser un millionnaire. Mannequin lui aussi, Carl (Harris Dickinson) passe des auditions pour un nouvel emploi. Et alors qu’ils embarquent sur une croisière de luxe, le capitaine alcoolique, incarné par Woody Harrelson, se mêle aux élucubrations d’un communiste richissime et à un couple de marchands d’armes. Bientôt ce petit monde se retrouve sur une île déserte…

Le cinéaste Ruben Östlund mettra à rude épreuve le seuil de tolérance à la douleur de son public. Dans sa partie centrale sur le yacht, plus longue que les deux autres, le dégoût se mêle à une orgie visuelle des plus explicites. Et sans en révéler davantage sur le film, chaque rebondissement surprend, chaque réplique tombe à pic.

Et quand vous pensez qu’il est impossible d’être encore plus radical, «Triangle of Sadness» se plaira à vous contredire. Mais au-delà d’une vaste critique sur celles et ceux qui gaspillent leur richesse dans la décadence, le long métrage remet merveilleusement en question les modèles et les conventions liés aux rôles et aux genres. Et l'hypocrisie de notre siècle en prendra pour son grade, l'attitude face au changement climatique aussi. Une extraordinaire richesse d’idées, une satire déroutante, irrévérencieuse et jubilatoire, parfaitement mise en scène et portée par une attention toute particulière pour les détails, même les plus simples.

5/5 ★

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