Critique2. November 2023

«Le Garçon et le Héron», Miyazaki atteint de nouveaux sommets

«Le Garçon et le Héron», Miyazaki atteint de nouveaux sommets
© Frenetic Films AG

Bien qu’Hayao Miyazaki n’envisage pas «Le Garçon et le Héron» comme son dernier film, celui-ci, à voir comme diptyque avec «Le vent se lève (2013)», a pourtant tout d’un chant du cygne pour son réalisateur. Si seul le temps nous dira s’il s’agit d’un chef-d’œuvre, le nouveau Ghibli propose assurément une animation et un récit qui feront date.

(Une critique d'Eleo Billet)

Alors que la Seconde Guerre Sino-japonaise est en cours, Mahito, jeune adolescent japonais, perd sa mère adorée dans un incendie. Quelques années plus tard, son père se remarie à sa tante Natsuko, et la famille part de Tokyo pour la campagne. Dès son arrivée, Mahito est harcelé par un mystérieux héron cendré, qui lui promet de le réunir avec sa mère si le garçon le suit dans la tour de son arrière-grand-oncle. Débute alors un fabuleux, mais dangereux voyage vertical entre plusieurs mondes.

C’est par une sirène d’alarme puis par les flammes, que s’ouvre «Le Garçon et le Héron», qui constitue sans doute la séquence d’animation la plus belle et maîtrisée du réalisateur. Le feu et son pouvoir de destruction et de résurrection hante ainsi le héros comme le film. C’est en effet par sa mise en scène que Miyazaki innove le plus. Il nous emporte à chaque plan, plus majestueux que le précédent. En outre, la musique composée par Joe Hisaishi, un collaborateur fréquent, parfait l’immersion.

Critique de «Le Garçon et le Héron», Miyazaki atteint de nouveaux sommets
«Le Garçon et le Héron» © Frenetic Films AG

Très riche, l’univers présenté est peuplé de personnages sombres et complexes, de créatures grotesques comme mignonnes et de détails sur leur façon de vivre qui contrecarrent toute tentative de manichéisme. C’est un monde où une jeune fille brûle les oiseaux trop voraces et où un héron-humain manipulateur sert de guide. D’ailleurs, le héron du titre est bien plus qu’un lapin blanc et sa relation avec Mahito, entre méfiance et entraide, l’une des mieux développées du film. Aussi, l’invitation à l’odyssée, au conte finalement, prend son temps et nous avertit que chercher à comprendre est une sentence de mort (de l’imagination).

Forts de thèmes chers à Hayao Miyazaki (ville et campagne, animaux humains et deuil, entre autres), qui trouvent ici une nouvelle résonnance, «Le Garçon et le Héron» prend le voyage comme prétexte pour interroger, non pas seulement l’acte de création, mais l’(im)mortalité d’une œuvre, sa postérité par la transmission et ce qu’elle nous laisse à son achèvement. Les pistes de réponse sont terriblement émouvantes lorsqu’un parallèle est dessiné avec la carrière du réalisateur. Il faut alors se raccrocher au titre original du film : «Et vous, comment vivrez-vous? » pour comprendre le cadeau qu’Hayao Miyazaki nous fait avec cette œuvre somme.

À voir et à revoir, car un seul visionnage ne peut satisfaire, tant le long-métrage abonde d’idées et de références aux travaux précédents de Miyazaki, comme pour leur répondre.

4,5/5 ★

Depuis le 1er novembre au cinéma

Plus d'informations sur «Le Garçon et le Héron»

Bande-annonce du film «Le Garçon et le Héron»

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