Critique13. Februar 2023

Comment la nouvelle série «Django» réinvente le western sur Canal +

Comment la nouvelle série «Django» réinvente le western sur Canal +
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Production internationale, la nouvelle série et création originale made in Canal+, plante son intrigue dans les décors poussiéreux de l’Amérique d’après-guerre de Sécession. Relecture du western éponyme de 1966 réalisé par Sergio Corbucci, «Django» raconte un homme à la recherche et à la reconquête de sa fille sur fond de ségrégation raciale.

En 1872, la guerre de Sécession est déjà un lointain souvenir. Alors que l’esclavage est désormais interdit dans les livres de lois, les pratiques ségrégationnistes sudistes subsistent dans nombre d’états. C’est dans ce contexte que Django (Matthias Schoenaerts) débarque à la Nouvelle-Babylone, ville dirigée par John Ellis et abritant les marginalisés de la société. Django y retrouve sa fille Sarah (Lisa Vicari), seule survivante de sa famille massacrée quelques années plus tôt alors qu’il était soldat dans les rangs des états confédérés.

La quête de rédemption d’un cowboy solitaire

Guidé par la vengeance et l’ambition de renouer avec sa fille, Django décide de s’établir à la Nouvelle-Babylone malgré les véhémences de cette dernière qui lui reproche de l’avoir abandonnée. Il découvre que dans ce prétendu havre de paix et d’égalité, les conflits et trahisons sont légion. L’ombre menaçante d’Elizabeth (Noomi Rapace), catholique extrémiste et ennemie jurée de John voulant réduire en cendres la Nouvelle-Babylone, plane et risque bien de faire échouer le grand projet utopiste de John et Sarah.

Le style western dans le format sériel a le vent en poupe. Après des séries comme «Westworld» pour le compte d’HBO, ou encore la dernière en date «The English» sur Amazon Prime Video, qui faisaient toutes deux la part belle au genre, c’est au tour de Canal+ de suivre le mouvement.

Et qui dit production internationale dit distribution internationale. Il fallait bien l’énergie à la fois brutale et sensible d’un acteur comme Matthias Schoenaerts pour incarner un écorché vif. Le Belge, dont la performance dans «De rouille et d’os» (2012) de Jacques Audiard a assis sa notoriété, est entouré de l’Allemande Lisa Vicari, découverte dans «Dark» sur Netflix, de la Suédoise Noomi Rapace, révélée dans «Millenium» (2009), et du Britannique Nicholas Pinnock

Une réécriture moderne et vibrante

La série «Django» est librement adaptée du western spaghetti de Sergio Corbucci, ce même film qui avait également été une des inspirations d’un certain Quentin Tarantino pour son film «Django Unchained» (2012). Dans «Django», les codes d’un classique du genre sont bien présents: les vastes étendues arides, le cowboy mystérieux, solitaire et avide de vengeance, Les gentils contre les méchants en foulards noirs. Mais l’histoire concoctée par les créateurs et scénaristes Leonardo Fasoli et Maddalena Ravagli prend des libertés face à son inspiration originelle.

Les 10 épisodes, dont les 3 premiers ont été réalisés par Francesca Comencini, réalisatrice de quelques épisodes de «Gomorra», misent sur un récit résolument plus moderne avec des sujets contemporains. On y voit notamment des figures féminines fortes. Dans «Django», le grand méchant n’est pas un homme, mais une femme. La série fait aussi référence à l’homosexualité, la diversité, l’égalité ou encore le patriarcat. Autant de thématiques complètement actuelles qui n’avaient peu ou pas leur place dans les westerns d’antan.

Et pour cause, miroir d’une époque donnée, ce western revisité offre moins de violence, mais de nouvelles dynamiques et de nouvelles pistes d’exploration. Plus consensuelle et moins radicale dans sa forme, la série délaisse les bains de sang, signe distinctif du western classique, pour se concentrer sur une réflexion plus émotionnelle, sociale et politique autour les personnages, relayant même parfois le rôle phare incarné par Schoenaerts au second plan. Le rythme inégal, voire trop lent, de certains épisodes pourrait dissuader, mais les questionnements formulés dans «Django» en font une série qui poursuit la tradition du western, mais le western à la sauce 2023.

3,5/5 ★

La série est à découvrir dès le 13 février, les lundis à 21h sur Canal+, et sur myCANAL.

Bande-annonce

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