Critique15. Februar 2024

Berlinale 2024 : «Crossing», le monde queer d’Istanbul dans un drame passionnant

Berlinale 2024 : «Crossing», le monde queer d’Istanbul dans un drame passionnant
© Haydar Tastan

Après un petit détour télévisuel, le cinéaste Levan Akin débarque une deuxième fois à la Berlinale, neuf ans après son tout premier long métrage «The Circle - Chapitre 1: Les élues». Et dans la catégorie Panorama, il présente «Crossing», un retour en force superbement envoûtant !

Lia (Mzia Arabuli), une professeure d’histoire à la retraite, arpente les rues de sa petite ville géorgienne de Batoumi à la recherche de sa nièce Telka. Lorsque le jeune Achi (Lucas Kankava) lui confie avoir transporté la jeune femme avec un groupe d’amies jusqu’à Istanbul, ils partent tous deux pour la capitale turque. Leurs chemins croisent celui d’Evrim (Deniz Dumanli), qui décide de les aider. Femme trans, comme Telka, cette dernière travaille pour une petite association queer. Et dans les rues de la métropole, ces trois âmes esseulées se rapprochent doucement.

Cinéaste suédo-géorgien, Levan Akin avait conquis la croisette en 2019 avec son long métrage «Et puis nous danserons», sélectionné pour la Queer Palm du Festival de Cannes. Le réalisateur posait sa caméra en Géorgie, le pays de sa famille, pour y filmer la déchirante romance entre deux hommes, sur fond de danse traditionnelle. Et dans ce nouveau film, il fait se rencontrer agréablement les cultures géorgiennes et turques.

En effet, «Crossing» traverse la frontière entre les deux pays et perd ses protagonistes dans le labyrinthe istanbuliote. Gargantuesque et écrasante, la métropole brille à l’écran. Ses captivants décors urbains prennent vie et émerveillent le public grâce à la photographie de Lisabi Fridell, qui avait déjà travaillé avec le réalisateur sur «Et puis nous danserons» et avait participé à quelques épisodes de la série Netflix à succès «Young Royals».

Également scénariste, Levan Akin offre un aperçu de son talent d’écriture. L’histoire, simple, n’en est pas moins passionnante. De sa plume de maître, il pare ses protagonistes d’une extraordinaire humanité. Travailleuses du sexe trans, enfants des rues, Lia et Achi sont confrontés à une population au ban de la société qui, malgré les difficultés, semble garder espoir. Et au fil de leurs recherches et de leurs échanges, des liens palpables et véritables se tissent.

Ces touchantes connexions sont délicieusement illustrées par une distribution cinq étoiles. Éblouissante du début à la fin, Mzia Arabuli interprète une Lia en apparence inflexible, au maintien royal et au regard perçant. Son incroyable charisme impose l’actrice comme une évidence. Et avec savoir-faire, elle laisse échapper au compte-goutte de brillants instants d’émotions.

À ses côtés, et pour leurs premiers rôles au cinéma, Lucas Kankava et Deniz Dumanli éblouissent. Si le premier infuse une sensibilité poignante à son personnage d’Achi, la deuxième émerveille par la douce joie de vivre de son personnage d’Evrim. Et si «Crossing» prend la forme d’un drame, son écriture et son incroyable distribution insufflent espoir et gaîté à un public passionné.

5/5 ★

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