Critique11. August 2022

75e Locarno Film Festival : «Une femme de notre temps» - Diane, chasseresse peu inspirée

75e Locarno Film Festival : «Une femme de notre temps» - Diane, chasseresse peu inspirée
© Moby Dick Films – Iliade et Films

Présenté à Locarno sur une Piazza Grande bien remplie, «Une femme de notre temps», qui retrace le parcours d’une commissaire de police parisienne trompée par son mari, a suscité des réactions contrastées.

(Une critique de Laurine Chiarini)

Commissaire de police à Paris et écrivain, Julianne (Sophie Marceau), femme de peu de mots, est directe et sait ce qu’elle se veut. Tout ne file pas aussi droit dans sa vie privée : soupçonnant son mari Hugo de la tromper, elle découvre que l’homme qu’elle aime non seulement lui ment, mais a aussi joué un rôle dans la mort de sa sœur décédée, sujet de son prochain livre. Passant progressivement de traqueuse à traquée, elle se met à la recherche de la vérité dans ce qui devient une véritable chasse à l’homme.

Selon Freddy Buache, cofondateur de la Cinémathèque suisse, l’un des plus grands péchés dont un film pouvait se rendre coupable était celui de la transparence. Un film sans subtilité, aux intentions tellement évidentes qu’elles finissent par brûler les yeux, enlève à la pellicule toute sa saveur et risque vite de laisser le spectateur sur le bord de la route. Si l’on s’en tient à cette définition, «Une femme de notre temps», qui au passage n’a rien en commun avec le héros éponyme du roman de Mikhaïl Lermontov, en devient presque invisible tant il est transparent.

La musique noie la majorité des scènes sous un déluge d’accords dramatiques...– Laurine Chiarini

Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser Sophie Marceau, qui n’avait pas tourné depuis un certain temps, à accepter le scénario ? L’actrice cite l’intégrité d’une héroïne qui va au bout de ses convictions et un scénario «comme le parcours d’une flèche : précis, qui va taper droit dans le mille». Hélas, les dialogues, même épars, restent à un tel niveau de premier degré que les protagonistes, notamment Hugo, son mari, joué par Johan Heldenbergh, donnent l’impression de dévider leurs lignes sans enthousiasme de manière purement mécanique. La caméra en contre-plongée, de longs travellings sur des décors de maisons somptueuses et l’effet volontairement menaçant attaché au moindre élément de décor finissent par rendre le film peu digeste.

Alors que l’histoire de la femme trompée vengeresse - que l’on aurait pu sans peine retrouver chez un Chabrol, voire un Hitchcock - tient la route, le récit, en revanche, la dessert par un lyrisme pompeux et excessif, à commencer par la bande-son. Non contente de souligner l’action, la musique noie la majorité des scènes sous un déluge d’accords dramatiques, devenant ainsi vite difficilement supportable sans accentuer grand-chose, au final, vu la minceur du scénario. Cette volonté d’insuffler désir et puissance dans le moindre élément, qu’il s’agisse de l’actrice principale ou d’un verre d’eau, nivelle à elle seule toute espérance d’un possible jeu de nuances.

2/5 ★

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