Kritik1. Februar 2019

«Velvet Buzzsaw» - No Death, No Art!

«Velvet Buzzsaw» - No Death, No Art!
© Claudette Barius/Netflix

Troisième long-métrage signé de l’excellent Dan Gilroy, le californien rembraie avec Jake Gyllenhaal, cinq ans après le très acclamé «Nightcrawler», pour une divagation horrifique et métaphysique sur le marché de l’art (contemporain) et ses papes.

Après Nightcrawler (2014), qui décrochait l’Oscar du meilleur scénario original, ou Roman J. Israel, Esq. (2017), Dan Gilroy dévoile avec Velvet Buzzsaw un mindfuck dans les hautes sphères de l'art contemporain ensorcelées par les oeuvres d’un étrange Vitril Dease.

Zawe Ashton, Jake Gyllenhaal © Claudette Barius/Netflix

Seconde valse avec Jake Gyllenhal après Nightcrawler, l’acteur enfile ici le costume d’un éminent critique d’art contemporain à Los Angeles : Morf Vandewalt. Véritable maître de l’Olympe, un dieu de chair, l’homme mortifie des carrières en un texte ! Autour se pavanent d’autres vautours. Dantesques et perfides, tous prétendent au firmament : Gretchen (Toni Colette), une curatrice en vogue, Rhodora (Rene Russo), ancienne punk devenue directrice d’une prestigieuse galerie d’art, ou son associée, la très ambitieuse Josephina (Zawe Ashton).

Du haut de leurs cubes de verre sur Mulholland Drive, entre deux biennales, le cirque Guignol s’agite, déniche, théorise, expose et commercialise le fleuron de l’art contemporain. Les affaires fonctionnent, du moins, tout est sous contrôle. Mais lorsque Josephina découvre par mégarde les oeuvres de son voisin décédé, un certain Vitril Dease, la mécanique s’enraye. Un génie freudien inconnu. Aussi indicible que le mystère qui feutre sa vie : la détresse envoûtante de ses tableaux. Ils ensorcellent, il s’en dégage une forme de vie hypnotisante… Quoiqu’il en soit, pour Josephina, Rhodora, Gretchen et Morf, la découverte de Dease relève du Graal. Bientôt, ses toiles s'arrachent à prix d’or.

Rene Russo, Zawe Ashton © Claudette Barius/Netflix

Fauchés dans leurs propres convictions, obnubilés, hallucinés et fascinés à l’idée d’avoir enfin déniché l’Artiste du 21ème siècle, ils commercialisent à outrance, ouvrent des expositions, enquêtent et Morf lui consacre même un livre. Le marché de l’art se passionne pour cet artiste comme Dorian Gray, chez Wilde, se frottait à la jeunesse éternelle. Comme des signes avant-coureurs de la suite des événements, l’ouverture du film (sublime, tout en peinture animée), ou un tatouage sur l’avant-bras de Rhodora : No Death, No Art ! Dease avait pourtant laissé des instructions, tout devait être détruit après sa disparition ...

Un cauchemar irréversible...

L’idée lui viendra, dit-il, en marchant dans les allées d’une galerie d’art à New-York. Seul, Dan Gilroy pense alors à cette communion étrange entre les artistes et les curateurs. Dans Velvet Buzzsaw, commissaires et critiques deviennent des marchands d’âmes mortes, des maniaques buvant à la gorge le sang d’un génie au nom de la philanthropie. Pourfendeur de l’infotainment dans Nightcrawler, Gilroy brosse ici une critique du monde de l’art entre satire, film d’horreur et thriller noir.

Toni Collette © Claudette Barius/Netflix

Les genres se mêlent avec maestria. Aussi délicieux soit le casting, la photographie irréprochable de l'illustre Robert Elswit surclasse le parterre de talents et vous plonge dans un cauchemar irréversible. Aussi hallucinée qu’hallucinante, la mise en scène et la finesse des effets spéciaux du non moins talentueux David Feinsilber. Dan Gilroy ouvre ici une large réflexion sur l’art et ses affluents, pour certainement l’une des meilleures surprises sur Netflix de ce début d’année.

4/5 ★

Velvet Buzzsaw, disponible sur Netflix depuis le 1er Février.

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