Kritik17. Februar 2021

Filmingo: «Sans signe particulier» - Mais qu’est-il arrivé au bus 670?

Filmingo: «Sans signe particulier» - Mais qu’est-il arrivé au bus 670?
© Trigon Film

De passage à Sundance en 2020 où il remporte le Prix du Public, et à Zurich où il décroche le Golden Eye du meilleur film international, Fernanda Valadez signe un premier film d’une sagesse et d’une maturité rare. «Sans signe particulier» dévoile un conte assourdissant alors qu’une mère s’en va sur les routes du Mexique à la recherche de son fils disparu.

Dans l’espoir d’une vie meilleure, son fils avait embarqué à bord du bus 670 il y a des mois de ça. Aujourd’hui donné pour mort, comme tant d’autres qui ont tenté de se rentre aux États-Unis, Magdalena ne peut se résoudre au funeste sort que lui rabâche les administrations. Malgré son illettrisme et ses faibles moyens, elle embarque dans un voyage à corps et cœur perdus, vers la frontière sur les route du Nord. Sur son chemin, elle croise un jeune garçon qui tente de rentrer chez lui après des années d’absence; réunis dans le périple par le drame qui les habite.

Il aura suffi d’un seul film à Fernanda Valadez pour s’imposer comme une référence majeure du cinéma mexicain contemporain. Porté par la cinématographie somptueuse de Claudia Becerril Bulos, «Sans signe particulier» est une brillante pièce scénaristique qui s’immisce dans les arcanes sociaux du Mexique. Mais qu’est-il arrivé au bus 670? Dans «Sans signe particulier», le mutisme est d’or, personne (ou presque) ne veut répondre à cette question pourtant simple. La mort comme bagatelle administrative où l’on identifie les corps à la chaine.

Pris au piège d’un panier de crabes rouges comme le diable...– Théo Metais

Un road-movie lyrique, poétique et mystique inspiré par «Walkabout» de Nicolas Roeg, «Sans signe particulier» est ce conte tragique de l’horreur sur les routes du Mexique. Une narration lente et une caméra qui balaye les paysages et la désolation environnante. Un périple qui embarque sa protagoniste (formidablement campée par l’actrice Mercedes Hernández) dans l’estuaire des cartels à la frontière avec les États-Unis. Jesús (Juan Jesús Varela) est pris au piège d’un panier de crabes rouges comme le diable.

Filmingo: «Sans signe particulier» - Mais qu’est-il arrivé au bus 670?
Mercedes Hernández dans «Sans signe particulier» © Trigon Film

La quête de cette mère est rendue avec noblesse, entre les lignes, la réalité assassine de ces enfants soldats pris dans les mailles des gangs. Notons aussi que pour cette fable magnifique, Fernanda Valadez s’est entourée d’une équipe presque exclusivement féminine. Un premier long-métrage à couper le souffle!

4/5 ★

«Sans signe particulier» est à découvrir en VOD à partir du 18 février sur filmingo.ch

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