Kritik7. März 2024

«The Gentlemen» de Guy Ritchie sur Netflix, dandys criminels et grands saigneurs

«The Gentlemen» de Guy Ritchie sur Netflix, dandys criminels et grands saigneurs
© Christopher Rafael/Netflix

Nouvelle série Netflix créée par un habitué des histoires de gangsters, Guy Ritchie, «The Gentlemen» séduit par sa malice, mais risque malgré tout de devoir rendre des comptes.

(Une critique de Damien Brodard)

Alors que rien ne l’y préparait, Eddie Horniman (Theo James) se voit léguer l’important domaine de son père, récemment décédé. Le jeune duc découvre ainsi l’envers du décor : il a également hérité de tout un réseau de trafic de cannabis, géré par la scrupuleuse Susie Glass (Kaya Scodelario). Eddie pénètre donc dans le monde sinueux des gangsters avec son frère Freddie (Daniel Ings) et va tenter de protéger sa famille, tout en gardant un œil sur les opérations se déroulant sur son domaine.

Si le nom de Guy Ritchie pouvait encore enflammer les attentes il y a quelques années, son aura s’est malheureusement tarie avec ses récents longs-métrages. Il n’est donc pas si étonnant de constater que la nouvelle série dirigée par le réalisateur britannique étend l’univers de sa dernière création ayant réellement suscité un regain d’intérêt : «The Gentlemen» (2020).

«The Gentlemen» de Guy Ritchie sur Netflix, dandys criminels et grands saigneurs
Kaya Scodelario et Theo James © Christopher Rafael/Netflix

Après plus de deux décennies passées à filmer des malfaiteurs en tout genre, Ritchie s’amuse à dépeindre les rivalités violentes entre criminels comme des bras de fer perpétrés entre grandes entreprises, s’efforçant de faire affaire et de coexister. Des gangsters psychopathes aux dandys anglais, il n’y a qu’un pas, et c’est bien là que la série parachève ce qu’accomplissait déjà son modèle : présenter une palette de personnages variés et désopilants, quoique moralement critiquables.

Néanmoins, le format sériel met à mal une intrigue peu originale en dépit de ses personnages excentriques, en plongeant le récit dans une répétitivité frustrante. Présente jusque dans les fameux effets de mise en scène et de montage de Guy Ritchie, cette redondance nuit considérablement à l’attractivité des premiers épisodes. Par ailleurs, les figures de style chères au Britannique, certes amusantes la plupart du temps, paraissent désormais programmatiques et artificielles, au point que ses trois coréalisateurs semblent simplement pasticher un archétype déjà usé.

Le charme anglais de la distribution, bien qu’inégale, parviendra peut-être à lui seul à faire passer outre les tares de «The Gentlemen» – les échanges entre Kaya Scodelario et Theo James méritent en effet le coup d’œil. Toutefois, si la série exploite un filon qui s’est avéré fructueux par le passé, elle achève peut-être d’emprisonner définitivement son réalisateur. Toujours dynamique, ironique et caustique, mais plus sage, plus lisse et finalement bien plus vide qu’auparavant, Guy Ritchie s’évertue à poursuivre dans une voie où il n’est plus que l’ombre de lui-même, ne proposant plus que des ersatz du style qui a fait son succès.

2,5/5 ★

A partir du 7 mars sur Netflix:

Bande-annonce de «The Gentlemen»

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