Interview

John Waters: plus provoc que jamais

Avec «Dirty Shame», John Waters recule une nouvelle fois les limites de la provocation. Esprits, oreilles, regards et âmes sensibles s'abstenir!

John Waters: plus provoc que jamais

Q:Comment définiriez-vous «Dirty Shame»?A:Je fais dans la satire des genres. J'ai déjà réalisé un film policier avec «Serial Mother», une comédie musicale avec «Hairspray», un film sur la délinquance juvénile avec «Cry Baby», une biographie d'artiste avec «Pecker», un thriller terroriste avec «Cecil B. Demented»... Il ne me manquait plus qu'un film d'éducation sexuelle, et c'est ce que j'ai fait avec «Dirty Shame».

Q:D'où vous est venue l'idée du scénario?A:En lisant un journal, je suis tombé sur un article où figurait la mention d'un fait apparemment peu connu: une petite minorité de gens ayant subi une commotion cérébrale ont des pulsions sexuelles incontrôlables. Je crois me souvenir que le terme exact employé était «comportement sexuel inapproprié». Cette idée a germé en moi et a fini par donner ce film sur les accros du sexe qui prennent le pouvoir dans tout un quartier.

Q:Vous y montrez des pratiques pour le moins inhabituelles...A:Je sais. Un quinquagénaire qui prend son pied habillé en bébé, une femme qui se tartine le corps de nourriture, une épouse coincée qui devient nymphomane, on ne voit pas ça tous les jours. Mais ces comportements existent, ils ne font de mal à personne, et je ne vois pas au nom de quelle morale on les interdirait.

Q:«Dirty Shame» serait donc un film militant?A:Absolument. Son slogan pourrait-être: «Éclatez-vous!»

Q:Vous aimez choquer?A:Mes films ne sont pas faits pour choquer, mais pour surprendre.

Q:Vos deux derniers films, «Pecker» et «Cecil B. Demented», ont fait croire que vous vous étiez assagi.A:Je n'ai jamais pensé que je devais remplir un cahier des charges, ni que chaque nouveau film avait pour mission de reculer je ne sais quelles limites. Dans ces films, ce sont les comportements qui sont écoeurants, c'est la monstruosité de la haute société du show business.

Q:Comment réagissez-vous face à la censure?A:En la contournant. Jusqu'à «Cry Baby», tous mes films auraient été classés triple X si je les avais soumis à la commission officielle. Je m'en suis toujours sorti par les circuits indépendants, alternatifs ou underground, et grâce à la vidéo. Ceci dit, je suis très fier du fait que la censure américaine ait laissé passer un gros plan de pubis féminin dans «Pecker». Il y a dix ans, il aurait été brûlé en place publique. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. Mais le vrai grand progrès, ce sera quand une chaîne de télévision acceptera de diffuser «Pink Flamingos».

Q:Quel est votre plus grand regret?A:De ne pas avoir réalisé un projet intitulé «Glamourpuss», une histoire de routiers dans lequel j'aurais rêvé d'avoir mon idole pour héroïne: Elizabeth Taylor.

Q:Quel serait pour vous le comble du mauvais goût?A:Engager Monica Lewinsky pour faire l'actrice dans un film.

8 juin 2005

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