Interview

Selena Gomez: «À partir de maintenant, je ne réponds plus de rien!»

Stefan Gubser
Interview: Stefan Gubser

Dans la deuxième partie de «Hotel Transylvanie», elle prête sa voix à Mavis, la fille de Dracula: Selena Gomez, devenue adulte depuis que Disney l'a découverte, nous parle de sa mère, de Facebook et de ses demandes en mariage.

Selena Gomez: «À partir de maintenant, je ne réponds plus de rien!»

Hotel Transylvania 2 raconte, entre autres, la difficulté pour des parents de laisser partir ses enfants. On dit que vous étiez en symbiose avec votre mère. Était-elle capable de lâcher prise?

Elle y travaille toujours. (rires) En tous cas, elle veut toujours savoir précisément ce qui m'arrive. Alors, je lui dis : «Maman, j'ai 23 ans maintenant!». Mais que ce soit clair: ma mère est la seule raison qui m'a permis de garder relativement les pieds sur terre.

Comment y est-elle arrivée?

Elle m'a toujours protégée. Après les concerts, je devais toujours rentrer tout de suite à la maison. Mes parents étaient les seules personnes qui pouvaient parfois me dire non. C'est tout à fait comme Mavis: son père l'aime plus que tout. Mais elle veut aussi voir le monde et rencontrer des gens.

Donc, pas de fêtes, mais un film pas vraiment «tout public» comme Spring Breakers: comment est-ce compatible?

Il a fallu du temps pour en arriver là. (rires) Harmony Korine voulait me donner le rôle le plus sage. J'ai dit: «Désolée, ça ne va pas.» Quelques mois plus tard, j'ai pu lui dire: «On va peut-être pouvoir s'arranger.» À ce stade, ce qui compte vraiment pour moi, c'est que quelqu'un veuille de moi.

Et après Spring Breakers, il n'y avait plus de limites.

J'ai finalement tourné un film dans lequel je joue une mère super-sarcastique. À partir de maintenant, je ne réponds plus de rien! (rires)

Votre monstre préféré dans Hotel Transylvanie 2?

«L'homme invisible»! Je rêverais de pouvoir échanger avec lui une journée entière.

Supposons que vous soyez invisible: que feriez-vous?

Facebook, Twitter & co. ont tellement de pouvoir aujourd'hui. Quand je m'assieds dans un restaurant, après cinq secondes, la moitié du monde sait ce que j'ai commandé. Manger un hamburger et ne pas devoir penser que je ne me suis pas maquillée? Ça, ce serait vraiment bien.

Et vous, combien de temps consacrez-vous aux réseaux sociaux?

Jusqu'à trois heures par jour.

Soigner son image à l'ère numérique fait-il partie de votre métier?

Peut-être. J'ai grandi avec les réseaux sociaux, donc c'est plus facile pour moi. Mais comment ce sera quand je serai mariée et que j'aurai des enfants? Aucune idée. Je sais seulement que je le fais maintenant parce que cela m'amuse.

Vous n'avez pas peur de vos fans, à qui vous communiquez aussi où et comment vous vivez?

Ils ne me veulent aucun mal. Ils veulent m'épouser! On dépose des lettres et des chocolats devant ma porte.

Avez-vous parfois craqué devant une de ces demandes en mariage?

Ryan Gosling devrait enfin se manifester! (rires) Mais non, ces jeunes ont douze ans ou même moins. Ma réponse-standard est la suivante: rappelle-moi quand tu auras 18 ans.

Vous avez été une enfant star et vous connaissez les mécanismes du show-business par coeur. Y a-t-il des choses que vous auriez voulu savoir plus tôt?

Je ne regrette rien. Les gens pensent toujours qu'un enfant star n'a pas d'opinion propre, qu'il n'a rien à dire. Cela n'a aucun sens. Ce qui est vrai, c'est que je travaille depuis que j'ai sept ans et que mes parents ont eu de temps en temps leur mot à dire. Mais j'en avais besoin aussi! Cela a changé le jour où j'ai eu 18 ans. À partir de ce moment-là, j'ai voulu prouver aux gens que je pouvais me débrouiller toute seule. Je ne m'entretiens pas avec vous par devoir, mais bien parce que j'aime mon travail. Et je pense que je ne suis qu'au début.

Vous semblez sûre de vous.

Je crois en moi! Même si je peux aussi tout à fait manquer d'assurance. Mais je crois que les gens n'ont pas encore vu la moitié de ce que je suis. Je me suis assise avec des metteurs en scène qui n'avaient jamais daigné me regarder il y a encore deux ans. (rires)

Grâce à Spring-Breakers?

Pas seulement. On dénigre souvent mon talent. C'est mon devoir de prouver à ces gens qu'ils se trompent à mon égard. Je n'obtiens pas un rôle juste parce que je suis Selena Gomez. Je dois passer des auditions pour chaque film et me battre pour chaque rôle.

Parce qu'ils ne vous considèrent pas comme une actrice?

Je pourrais jouer dans toutes les comédies pour ados – mais ce n'est pas ce que je veux. Je veux des rôles pour lesquels je suis trop jeune. Je veux pouvoir me transformer. Je veux devoir perdre ou prendre du poids, ou me couper les cheveux pour un film! Je cherche des rôles profonds mais on ne me fait pas confiance. Les metteurs en scène veulent toujours savoir: pourquoi cela t'attire?

Pouvez-vous nous le dévoiler?

Ma mère avait 16 ans quand je suis née. Aucune femme ne travaille plus dur qu'elle; parfois, elle avait trois jobs en même temps. Elle n'a jamais mis de gants avec moi, elle m'a toujours dit la vérité. J'ai compris très tôt que la douleur est aussi quelque chose de beau.

Pourquoi la douleur doit-elle être quelque chose de beau?

Exactement comme les artistes, on ne peut pas s'empêcher de voir la beauté des choses, pour laquelle d'autres sont aveugles. Je crois qu'il y a une raison pour laquelle je tombe, pour laquelle on fait des erreurs, il y a une raison à tout. Le mieux, c'est quand même de comprendre pourquoi on est tombé quelque part.

Y a-t-il une fois où vous n'avez pas pas reçu un rôle – et vous avez encore de la rancoeur aujourd'hui?

Non. J'attends que quelqu'un qui n'a pas voulu de moi un jour, dise : «pourquoi ne l'avons-nous pas choisie à ce moment-là?» Tout le monde gagne son rôle. Un jour, j'aurai le mien.

Où vous voyez-vous dans dix ans?

J'espère que je serai heureuse.

28 septembre 2015

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