Interview

Samuel L. Jackson: cool attitude

Interview: Avant Première

Chargé de la redoutable tâche de ressusciter un des personnages les plus mythiques des années 70, Samuel J. Jackson endosse dans «Shaft» l'héritage du cinéma d'action black de la grande époque. Mission accomplie.

Samuel L. Jackson: cool attitude

Q:Qu'est-ce qui caractérise Shaft ?A:Son attitude. Il est cool. Il n'est pas arrogant, pas modeste, il traverse la ville comme un prince. C'est Shaft. Q:Vous vous sentiez «cool» pendant le tournage ?A:Je me suis laissé pousser le bouc, j'ai enfilé mon costume, et quand on a commencé à tourner dans les rues de New York, j'ai senti que le personnage venait. Les gens me regardaient, s'arrêtaient... Les filles me disaient: «Vous êtes mieux comme ça!» Mieux que quoi ? D'habitude, je n'ai pas l'impression de ressembler à un dindon! Q:Vous vous souvenez du «Shaft» original ?A:Oui, j'étais en terminale. Je me souviens qu'à l'époque, j'allais souvent au cinéma tout seul, et que j'ai eu le coup de foudre pour ce héros. Je voulais lui ressembler, m'habiller comme lui... Enfin, je pouvais m'identifier à quelqu'un! Q:En trente ans, Shaft a changé.A:Oui. Le Shaft joué par Richard Roundtree était en guerre contre la société, contre le système. Il était un produit de l'époque. Tandis que le Shaft 2000 est en guerre contre tout ce qui ronge la société d'aujourd'hui: la drogue, la violence, le racisme. Le rapport à la violence a changé, aussi. Toute l'approche est différente. Les idées sont moins contestataires, mais plus protectrices: Shaft doit protéger. Q:A part la barbichette et le costume, qu'est-ce qui vous a aidé à entrer dans le personnage ?A:La musique. Dès que j'ai signé pour le rôle, j'ai recommencé à écouter la musique de l'époque... Le thème de Shaft est génial.Q:Il y a eu une grande vogue de films blacks, à la fin des sixties. Vous les avez vus ?A:Oh oui! Je les voyais par poignées, parce que c'était nouveau, et que les Noirs n'avaient pas tellement de héros, au cinéma. Quand les gens de la génération de mes grands-parents voyaient un Noir sur l'écran, ils poussaient des exclamations. C'était un événement! Et tout d'un coup, il y avait au cinéma un raz-de-marée de films blacks! Bien sûr, ces films fonctionnaient selon des schémas convenus, mais ils fonctionnaient. Q:Imaginez-vous que Shaft puisse devenir un personnage à répétition, avec un film tous les deux ans, comme James Bond ?A:Ce serait sympa. Dans le prochain, s'il y en a un, j'aimerais bien voir Richard Roundtree, qui interprétait Shaft dans le film original, un peu plus souvent. Dans ce film-ci, il est un peu en retrait. Q:Y a-t-il un message dans «Shaft» ?A:Non. C'est du spectacle, c'est tout. Il y a des flingues, des poursuites, des bagarres. Rien de philosophique là-dedans. Q:Il paraît que le tournage a été houleux...A:L'un des problèmes que nous avons eus, c'est que le scénario a a été écrit par Richard Price, l'auteur de «Clockers». C'est un excellent écrivain, mais il est Blanc. Il y a donc des répliques qui sonnaient faux, d'après moi, et je ne pouvais pas les dire. J'ai suggéré des changements, et il a fallu que je me batte pour les imposer. J'ai tourné plus de soixante films, dans ma vie, si bien que je sais ce qui fonctionne ou pas. Et je n'ai pas peur de dire les choses, quand je ne suis pas d'accord. Il y a eu aussi des désaccords sur certaines scènes d'action, mais finalement, tout s'est arrangé. Q:Vous serez dans le prochain «Star Wars» ?A:J'y suis. C'est déjà tourné. Q:Racontez!A:Secret défense. Q:Vous faites quatre ou cinq films par an. C'est beaucoup.A:Non. J'aime mon travail. J'aime les projecteurs. C'est ma façon de vivre ma vie: sous les projecteurs.

31 octobre 2002

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