Interview

Sean Connery: Papy fait de la résistance !

Loin de prendre une retraite plus que méritée, Sean Connery continue de s’amuser comme un fou. Témoin son role d’aventurier dans «La ligue des gentlemen extraordinaires», en attendant le prochain «Indiana Jones».

Sean Connery: Papy fait de la résistance !

Q:Le concept du film est assez amusant...A:Oui. Il est basé sur la bande dessinée d’Alan Moore et de Kevin O’Neill. On est dans le Londres de 1899, et un personnage néfaste a déclaré la guerre au monde entier. Il se nomme le Fantôme. Pour faire échec à cet adversaire redoutable, l’agent secret M a recruté les héros les plus populaires de la fiction du XIXe siècle: l’aventurier Allan Quatermain, célèbre pour ses exploits dans «Les Mines du Roi Salomon» – c’est moi qui joue ce rôle -; il y a un immortel, Dorian Gray, d’après Oscar Wilde; Rodney Skinner, qui est l’homme invisible de H.G. Wells; le capitaine Nemo; le vampire Mina Harker; le docteur Jekyll-Hyde... Bref, cette fine équipe se met à traquer le Fantôme à travers le monde entier.

Q:Qu’est-ce qui vous a fait accepter ce rôle pour le moins inhabituel pour vous?A:J’avais refusé «Matrix» et «Le Seigneur des anneaux» parce que je ne comprenais pas ces univers. Là, je me suis dit tant pis. Même si ce monde ne m’est pas familier, allons-y.

Q:Qu’est ce que votre personnage a de particulier?A:Il est très différent des autres, qui ont tous quelque chose de surnaturel. Allan Quatermain est un aventurier, au sens propre du terme. Il est courageux, réfléchi, et il est animé par une curiosité sans limites.

Q:Pourquoi ne pas prendre une retraite bien méritée?A:Par curiosité. Tant qu’on me propose des choses intéressantes, pourquoi refuser? Être acteur, c’est comme être cycliste. Une fois qu’on sait le faire, ce n’est pas particulièrement difficile. Mais si un jour, je suis lassé, je ferai autre chose. Je ne voulais pas spécialement être acteur, vous savez.

Q:Vous vouliez faire quoi?A:Je n’avais pas trop d’idées. Je n’ai pas tellement d’éducation; j’ai quitté l’école à 13 ans. Plus tard, je suis entré dans la marine, mais j’avoue que je supporte mal qu’on me donne des ordres. J’ai une allergie. Si bien que lorsqu’on ma proposé un contrat de footballeur pro avec Manchester United, j’ai été très tenté. Évidemment, à l’époque, on ne gagnait pas des sommes folles en donnant des coups de pied dans un ballon, comme aujourd’hui. Mais j’avais vraiment envie...

Q:Que s’est-il passé?A:J’ai réfléchi. Je me suis dit qu’acteur, ça avait l’air plus stable. Ce en quoi je me trompais. Mais dans mon cas, ça a marché. Q:Il paraît qu’on a offert le rôle de James Bond à plein d’acteurs, dont Peter Lawford.A:Tout le monde reculait. «Dr No» était un petit film avec un minuscule budget, et il fallait signer pour trois films! Personne n’avait envie d’être lié pendant quatre ou cinq ans d’affilée!

Q:Pourquoi avoir accepté?A:Parce que je n’avais rien d’autre en vue. J’avais joué dans deux ou trois films pas terribles, dont «La Plus grande aventure de Tarzan» et «Deux des commandos», et les critiques me prédisaient un avenir formidable... comme chômeur! Si bien que lorsque les producteurs de James Bond m’ont contacté, j’ai signé. Ils m’aimaient bien: je ne coûtais rien. Je crois que mon cachet de l’époque était de 5’000 livres!

Q:Comment expliquez-vous que vous n’ayez été nommé pour les Oscars qu’une seule fois?A:C’était en 1987, pour le meilleur second rôle dans «Les Incorruptibles». Mais regardez comment se déroulent les Oscars: c’est toujours les mêmes noms qui reviennent. Je ne fais pas partie de cette famille.

Q:Quelles sont les qualités que vous appréciez chez un metteur en scène? A:Le professionnalisme. D’ailleurs, je l’apprécie dans tous les autres métiers. J’ai travaillé avec des metteurs en scène très divers comme John Huston, Alfred Hitchcock et Jean-Jacques Annaud. Ils savaient au millimètre près ce qu’il fallait faire, et ils vous demandaient la même précision.

Q:Il paraît que vous allez revenir dans le prochain «Indiana Jones»?A:J’aimerais bien. Le tournage du film précédent a été tellement agréable, avec Spielberg... Je repartirais bien pour une nouvelle aventure!

Q:On parle aussi de votre apparition dans le quatrième épisode d’«Austin Powers»...A:J’ai lu ça. Mais personne ne m’en a parlé.

Q:Quels sont vos projets immédiats?A:Revenir chez moi, et apprendre à surfer sur le Web. Il est temps. Aux yeux de mes petits-enfants, je suis un peu dépassé.

28 septembre 2003

Autres interviews

Les Rencontres de Cineman: Pierre Richard pour sa nouvelle comédie “Un profil pour deux”

Les Rencontres de Cineman: Charlie Hunnam, Sienna Miller et James Gray nous parlent de «The Lost City of Z»

Entretien avec Gérard Jugnot (Vidéo)