Dream Scenario Etats-Unis 2024 – 100min.

Critique du film

Le boomer de vos rêves

Maria Engler
Critique du film: Maria Engler

«Mr. Sandman, bring me a dream…». Et si les rêves d’une partie de la population étaient perturbés par la présence d’un homme ? Voilà le concept absurde et décalé dont «Dream Scenario» fait joyeusement le récit tout en questionnant le poids de la notoriété.

Paul Matthews (Nicolas Cage) est un homme d’une soixantaine d’années, fade et monotone. Père et mari, il enseigne la biologie à l’université et souhaiterait être reconnu comme écrivain, mais il n’a encore jamais rien couché sur le papier. Un jour, sa laborieuse routine est chamboulée quand il commence à apparaître dans les rêves de parfait.es inconnu.es.

Un an après «Sick of Myself», le réalisateur norvégien Kristoffer Borgli revient avec son deuxième long métrage, «Dream Scenario», et c’est un véritable plaisir cinématographique ! Le concept de l’œuvre, simple, ingénieux et agréablement rafraîchissant, se part d’un discours mordant sur l’identité et la célébrité. D’abord ravi de sa renommée inopinée, le personnage de Paul ressent bientôt le fardeau que représente une image médiatique incontrôlable.

Si le grand Nicolas Cage nous avait habitués à des rôles souvent exagérés, délicieusement surjoués et parfois en proie à une certaine folie, il transforme avec brio son style de performance. Son jeu, réservé et calme, fait oublier au public l’acteur derrière le personnage. C'est une révélation ! Sa personnalité éblouissante s'efface au profit de celle de Paul, petit homme triste, aux épaules affaissées et à la voix tremblante. Avec une facilité évidente, il bascule de la comédie à la tragédie.

Un jeu qui reflète le long métrage lui-même : drôle et captivant, il réussit tout autant à susciter des émotions plus chagrines. Un exercice d'équilibriste complexe, rarement aussi bien réalisé. Si Kristoffer Borgli illustre merveilleusement les nombreux rêves, il fait également preuve d’une créativité admirable dans sa description de l’absurdité du quotidien. Le contraste entre les mondes oniriques et celui effectif d’une famille moyenne des plus ennuyeuses n’en est que plus marquant. Une réalisation de maître qui fait de «Dream Scenario» une œuvre particulièrement décalée et divertissante.

(Adapté de l'allemand)

16.01.2024

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 3 mois

“Dans la peau de Nicolas Cage”

« Insipide », c’est l’adjectif qui qualifierait le mieux Paul Matthews, professeur de biologie à l’université, époux et père de famille. Jusqu’au jour où il découvre qu’il apparaît dans les rêves de tous ceux qui s’en souviennent. Le début d’une fulgurante renommée.

Il a la voix de Woody Allen, son crâne dégarni aussi. Barbe grisonnante, lunettes informes, vêtements ternes, parka passe-partout. Le genre qui suscite l’indifférence. Il n’a rien de « mémorable », consent un ancien camarade d’études. Le gentil Monsieur Tout-le-monde devient pourtant un phénomène médiatique, hantant les nuits profondes des bons dormeurs. De quoi susciter des convoitises scientifiques, commerciales, voire sexuelles. Attention, car le fantasme avoué pourrait devenir cauchemar !

Dans ce scénario qui aurait pu être une adaptation de Charlie Kaufman ou un épisode de la série Black Mirror, le pourquoi du comment n’est aucunement expliqué. La fable inquiétante est une représentation plutôt féroce de la vindicte populaire, si prompte à crucifier celui qu’elle prenait pour un seigneur. Alors qu’il n’a rien fait, ce héros malgré lui devient une victime expiatoire assez pitoyable face à des détracteurs à l’agressivité fâcheuse. Dans la peau de Paul Matthews, Nicolas Cage grimé fait du Nicolas Cage. L’effet miroir conterait sa propre histoire, lui l’acteur reconnu et oscarisé qu’un enchaînement de bides a fait exploser en vol. Aujourd’hui, ce sont ses « mèmes » sur Internet qui attisent sa notoriété.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 3 mois


vincenzobino

il y a 3 mois

3.75: Lord of dreams
Paul est un brillant professeur de psychologie dont la vie est subitement bouleversée lorsque subitement l’ensemble de ses élèves puis de son entourage rêvent de lui et souvent en cauchemar. N’en ayant cure et croyant pouvoir garder le contrôle de sa vie, il va très vite déchanter.
La voici cette étrange expérience rappelant l’univers de Aster et destinée aux spécimens dont je suis s’étant parfois retrouvé dans la peau d’un autre avec son propre corps. Une excellente expérience imparfaite.
À premier abord Paul n’inspire qu’à la fuite avec une matière d’enseignement inintéressante, une vie familiale banale et peu ou pas d’éclat ou de don particulier. C’est en réalité mal le connaître car sous ce masque caché il y a un père cool et un collègue et enseignant totalement compétent, bref un seigneur. Jusqu’à ce que s’en mêle et surtout s’emmêle une intelligence extérieure aux dégâts hélas bien intérieurs.
Plusieurs regards entrecroisés sont brillamment retranscrits: satirique voire indifférent sur les premières réactions des jeunes et leurs hallucinations, les conséquences sur Paul vont progressivement être prises au sérieux et nous faire comprendre que sa vie nouvelle cauchemardesque n’a rien d’un rêve.
Comme pour the lord of War, Nicolas Cage est absolument brillant dans une performance alternant parfaitement ces deux regards. Les membres de sa famille ainsi que Star Slade l’accompagnent à merveille.
Dommage que l’issue et surtout le pourquoi du titre ne soient pas plus développés sur la forme ne laissant présager que le fond avec notamment une révélation finale peu crédible. Car excepté cet accroc, cette destruction seigneuriale se laisse totalement voir.Voir plus


Eric2017

il y a 3 mois

Ce scénario est très intéressant et est assez surprenant. Au départ c'est Ari Aster qui devait faire le film avec Adam Sandler. Au final c'est K. Borgli qui préféra Nicolas Cage qui d'ailleurs est très bon dans ce film qui dénonce les dérives de notre société. Jugements hâtifs, adulations puis condamnations par les réseaux sociaux, ce film est scotchant. Entrecoupé de très brèves scènes de rêve, ça frise le film "d'horreur". À voir ! (G-03.01.24)Voir plus

Dernière modification il y a 3 mois


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