Kung-Fu Zohra France 2021 – 100min.
Critique du film
Combat pour la liberté
Près de 10 ans après son dernier long métrage, Mabrouk el Mechri présente son nouveau film et confirme son amour pour le cinéma d’action. Kung-fu Zohra, long métrage musclé sur les violences conjugales, s’inspire des grands classiques du cinéma asiatique d’arts martiaux, pour nous offrir une œuvre hybride intrigante.
De Virgile à JCVD, un abondant parfum de testostérone émane du cinéma de Mabrouk el Mechri. Un détour à la télévision démontre pourtant la grande variété de son talent. Réalisateur de plusieurs épisodes de l’excellente série télévisée Maison close sur canal+, il fait preuve d’une finesse particulière dans son portrait d’un groupe de prostitués du 19e siècle.
Pour Kung-fu Zohra, il puise dans sa vie personnelle, s’inspire de sa famille, de sa mère, de sa fille. Mais il est loin de laisser de côté sa véritable passion. Ainsi, grâce au kung-fu, Zohra, sa protagoniste, saura enfin trouver la force de se défendre.
Par ses thématiques, le film mélange les genres. Le spectateur ne sait sur quel pied danser. Car, si l’œuvre s’ouvre sur un drame social, terrain de prédilection du cinéma francophone, l’action finit par trouver sa place. La transition peut être déstabilisante, laissant le spectateur dubitatif. Et lorsque les lois même de l’apesanteur se trouve remises en question, des œuvres telles que Tigre et dragon ou Le secret des poignards volants viennent en tête.
Les exagérations et les bruitages propres au genre dénaturent la violence. Elle devient acceptable. Une fois le choque passé, une fois notre incrédulité mise en suspens, pouvons-nous alors apprécier la beauté des chorégraphies, la force de Zohra et le jeu de la distribution.
Dans ce Karaté Kid à la française, Ramzy Bedia convainc en mari violent. Sans changer son jeu habituel, il endosse facilement ce rôle antipathique, plus sombre que ses prestations habituelles. Incarnant le rôle titre, Sabrina Ouazani crève l’écran. Son charisme traverse la totalité du film. Ses mouvements sont beaux, ses gestes fluides, sa force palpable. Les scènes d’entrainement singulières ouvrent la voie à un combat final parfaitement chorégraphié qui saura satisfaire les amateurs d’action.
Dans un paysage cinématographique rigide, Kung-fu Zohra sort du lot. Malgré le peu d’originalité de son action, le mélange des genres saura surprendre le public. Si le portrait stéréotypé des personnages pourra gêner, Mabrouk el Mechri se fait plaisir et offre un film comme il les aime, un film de kung-fu divertissant, oubliant parfois le poids de sa thématique.
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