Critique7. September 2023

Mostra 2023 : «Coup de Chance», une virée à Paris chancelante pour Woody Allen

Mostra 2023 : «Coup de Chance», une virée à Paris chancelante pour Woody Allen
© 2023 Frenetic Films

À bientôt 90 ans et malgré les polémiques le concernant, Woody Allen présente hors compétition à la Mostra de Venise son cinquantième film, tourné en France dans la langue de Molière.

(Une critique de Damien Brodard, depuis la Mostra de Venise)

Fanny (Lou de Laâge) file le parfait amour avec son époux Jean (Melvil Poupaud) avec qui elle vit dans un quartier chic de Paris. Cette dernière remet toutefois sa relation en question lorsqu’elle retrouve, sur un coup de chance, son ancien camarade de classe Alain (Niels Schneider), amoureux d’elle depuis toutes ces années.

Woody Allen s’essaie tant bien que mal à la comédie française. Ce qui se voudrait comme un vaudeville pétillant, une histoire d’adultère acérée, se révèle n’être qu’un petit film banal dont l’intrigue mille fois revisitée ne parvient pas à séduire. Dans la sphère bourgeoise parisienne, tout paraît insignifiant, des personnages nonchalants à leurs préoccupations recroquevillées sur leur petit monde ennuyeux. Allen tente pourtant de relever son scénario en y opposant un mari toxique, possessif et manipulateur, à un jeune poète romantique.

© 2023 Frenetic Films

Mais à y regarder de plus près, l’amant transi semble tout autant poursuivre grossièrement sa dulcinée à la trace que de se laisser porter au petit bonheur la chance. De plus, bien que la protagoniste incarnée par Lou de Laâge soit caractérisée dès le début du long-métrage comme une femme rebelle et assurée, jamais elle n’agit comme telle, préférant se conformer bien sagement à ce que lui recommandent ces deux hommes. On dirait bien là une tentative de progressisme mal amenée, et surtout ratée.

Quoiqu’il en soit, le long-métrage porte tout de même la patte de son auteur, notamment en ce qui concerne l’humour souvent charmant, si l’on arrive à faire abstraction du jeu maniéré de la distribution, parfois à la limite du supportable. Toujours est-il que toutes et tous semblent se donner à cœur joie, par exemple Melvil Poupaud qui jubile dans son rôle mâle alpha détestable. Le réalisateur fait quant à lui virevolter sa caméra entre les personnages, légère comme l’amourette qu’il filme, sans toutefois faire de proposition stimulante visuellement.

Pire encore, la photographie numérique d’une platitude abyssale de Vittorio Storaro – qui a pourtant travaillé sur des projets comme «Apocalypse Now» (1979) – a plus l’air d’une carte postale pour touristes outrageusement bariolée. Si «Coup de Chance» n’est pas désagréable en soi, du fait de son récit qui se suit aisément malgré sa fadeur ou ses traits d’humour plaisants, il n’en reste pas moins une œuvre mineure dans la filmographie gargantuesque d’un auteur à bout de souffle.

2,5/5 ★

Le 27 septembre au cinéma

Plus d'informations sur «Coup de Chance»

Bande-annonce de «Coup de Chance»

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