Critique23. November 2023

Critique de «Ricardo et la peinture», mosaïque d’une amitié en technicolor

Critique de «Ricardo et la peinture», mosaïque d’une amitié en technicolor
© Bande à Part Films

Fruit d’une amitié qui dure depuis 40 ans, «Ricardo et la peinture» dresse le portrait d’un homme et de son œuvre. D’une grande érudition, d’une simplicité sophistiquée et d’une accessibilité sans réserve, le peintre se dévoile devant l’équipe et les caméras.

(Une critique de Laurine Chiarini, depuis le Festival de Locarno en août 2023)

Le Suisse Barbet Schroeder filme son ami et peintre Ricardo Cavallo, qu’il connaît depuis 40 ans. Né en Argentine, féru d’histoire de l’art qu’il a soif de transmettre, l’artiste se dévoile généreusement devant les caméras. Au-delà du portrait, le film dévoile la genèse d’une longue amitié.

«Rester actif, ça conserve !» : parmi le public du Festival de Locarno, où le film était présenté en première mondiale, les réactions fusaient à la sortie, en particulier chez les contemporains du cinéaste et de son sujet, nés respectivement en 1941 et 1954. Pour capturer le meilleur point de vue depuis les incroyables pierres colorées à l’entrée de la grotte de Saint-Jean-du-Doigt, dans le Finistère, le peintre ne ménage pas ses efforts : en tenue de pêcheur, chevalet et matériel sur le dos, il escalade des monticules de roches et traverse gaillardement une crique, de l’eau jusqu’aux genoux.

Critique de «Ricardo et la peinture», mosaïque d’une amitié en technicolor
Barbet Schroeder et son ami, le peintre Ricardo Cavallo © Bande à Part Films

Il est des sujets qui se suffisent pour donner matière à un film : tel est le cas de Ricardo, dont la peinture n’est que le point de départ de l’étendue humaniste. L’amitié se construisant à deux, c’est naturellement que Barbet Schroeder se laisse glisser devant la caméra, révélant le contrepoint d’une relation basée sur le respect et l’admiration réciproque. Les «accidents» lors desquels technicien ou perchiste apparaît devant la caméra deviennent d’heureuses circonstances, instants imprévus mais bienvenus, comme l’explique le réalisateur. De l’équipe au sujet, tous devaient se sentir à l’aise.

La cote de l’artiste ne se mesure pas aux enchères : elle se partage avec générosité entre ceux qui apprécient son art et se transmet à la jeune génération, public cher à Ricardo. S’étant établi en Bretagne, ce dernier y a ouvert une école gratuite, qu’il voulait accessible à tous. Plusieurs de ses jeunes élèves apparaissent ainsi, témoignant de son attachement à transmettre passion et savoir avec une patience infinie. Son enthousiasme contagieux, c’est aussi l’importance du regard : celui de l’artiste qui peint le monde qui l’entoure, et celui que pose l’homme, bienveillant, sur ses semblables.

3,5/5 ★

Depuis le 22 novembre au cinéma.

Plus d'informations sur «Ricardo et la peinture».

Bande-annonce de «Ricardo et la peinture»

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