Critique25. März 2024

FIFF 2024: «The Monk and the Gun», le fusil de la discorde

FIFF 2024: «The Monk and the Gun», le fusil de la discorde
© trigon-film

Sélection du Bhoutan pour les Oscars et lauréat du prix du public à la dernière édition du FIFF, «The Monk and the Gun» raconte avec humour et douceur l’introduction de la démocratie auprès des électeurs ruraux de ce petit pays.

(Une critique d'Eleo Billet depuis le FIFF 2024)

En 2006, le Bhoutan, alors considéré comme l’un des pays les moins développés au monde, où la télévision vient à peine d’être autorisée, s’apprête à devenir une démocratie suite à l’abdication du Roi. La population rurale ne comprend pas cette décision et accueille, dubitative, des représentants du gouvernement venus leur expliquer à quoi sert une élection. Face à ce bouleversement, un lama ordonne à son disciple Tashi (Tandin Wangchuk) de lui rapporter un fusil. Il croisera alors la route d’un trafiquant d’arme américain (Harry Einhorn), en quête de ce même fusil.

D’abord photographe puis producteur, Pawo Choyning Dorji a développé son deuxième long-métrage dans un pays où l’industrie du cinéma peine à se développer. Aussi, rien ne sert d’attendre de «The Monk and the Gun» qu’il s’appuie sur une mise en scène audacieuse pour illustrer son propos, puisque le réalisateur préfère exploiter les paysages idylliques du Bhoutan et les dialogues entre réalisme et provocation des personnages, tous très bien caractérisés. Ainsi, ce film choral prend même des accents comiques dans la course-poursuite entre l’étranger américain, son guide, et le moine, autour du fusil, ou dans la cérémonie finale.

© trigon-film

Aussi, l’intelligence du film réside dans sa confrontation, sans manichéisme, mais avec une certaine naïveté, entre les personnages citadins, qui cherchent à s’enrichir, et les paysans, humbles, davantage détachés des possessions matérielles, que l’arrivée de la démocratie risquerait de corrompre. Néanmoins, les thèmes de l’apaisement, familial comme communautaire, et du rejet des armes, présents dans la quasi-totalité des scènes, pourront lasser une partie du public par son matraquage. De même, le regard porté sur les moines, qui ne sont que sagesse et dénuement, demeure quelque peu essentialiste.

En tant que plongée historique, politique et culturelle dans un pays encore méconnu, «The Monk and the Gun» transcende son apparence de carte postale pour proposer une réflexion nuancée sur le sens de ce qui fait la modernité d’un pays, grâce à des scènes simples, mais drôles et belles.

3,5/5 ★

Le 17 avril au cinéma

Plus d'informations sur «The Monk and the Gun»

Bande-annonce de «The Monk and the Gun»

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