Critique26. März 2019

« Dumbo » - Un classique aseptisé par Tim Burton

« Dumbo » - Un classique aseptisé par Tim Burton
© The Walt Disney Company Switzerland

Il fût un temps où les superlatifs s'employaient à loisir pour parler du cinéma de Tim Burton. Après « Miss Peregrine et les enfants particuliers », le réalisateur revient avec « Dumbo », une adaptation en live action du classique de 1941 de Disney. Une mouture contemporaine mais sans la moindre subtilité narrative.

1919, ancienne gloire du cirque, lorsqu’il rentre de la guerre, la vie de Holt Farrier (Colin Farrell) a bien changé. De sa relation avec ses enfants (Nico Parker et Finley Hobbins) à son bras amputé, et son numéro compromis, le retour au bercail s'annonce mouvementé. Cowboy devenu manchot, il est un freak entre deux eaux, bien trop lambda pour attirer les foules, et trop amputé pour faire rêver. Alors Max Medici (Danny DeVito), le directeur du cirque, l’affecte aux éléphants et ses enfants découvrent Dumbo, un éléphanteau doué d’un don extraordinaire. Quand il rencontre un entrepreneur de l’entertainment (Michael Keaton), Dumbo pourrait bien faire la fortune de la troupe ambulante.

Si certains des cartoons issus des fourneaux Disney entre 1940-50 sont lestés d’un lourd imaginarium raciste, le Dumbo de 1941 ne dérogeait pas à la règle et s'offrait notamment une ouverture ahurissante. Des travailleurs noirs sans visage et aux formes spectrales plantent un chapiteau sous des trombes d’eau, à l’image des éléphants, réduits à l’animalité. Le classique méritait donc un bon gros coup de Karcher et c’est chose faite avec l’iconique Tim Burton en maître d’oeuvre. Après Miss Peregrine et les enfants particuliers, Eva Green valse à nouveau dans un conte burtonien, pour Colin Farrell c’est une première. Enfin, la présence de Michael Keaton et Danny DeVito nous ramène évidemment à Beetlejuice, Batman et Mars Attacks!. Une époque lointaine à présent ...

Dumbo s’envole à n’en plus finir...

Dumbo sera donc une version corrigée des frasques narratives du classique originel. Si la démarche est à saluer, elle ne pourra suffire à en faire une oeuvre d’exception. Remis au goût du jour, techniquement modernisé, Dumbo façon Tim Burton devient une fable gentillette, une fantaisie mineure gorgée de bons sentiments et à l’essence corrompue par la CGI et son casting d’acteurs. Car nul n’y brille et tous dispersent leur texte au hasard ; à commencer par Colin Farrell, aussi mal à l’aise que malaisant lors de son retour au cirque, ou Michael Keaton aussi dispensable que l’histoire introduite par son personnage.

Milly (Nico Parker) & Holt (Colin Farrell) découvrent le « Dreamland » de V. A. Vandevere (Michael Keaton) - Dumbo (2019) © The Walt Disney Company Switzerland

Sans doute obnubilé par l’idée de vouloir créer un grand spectacle populaire, Tim Burton élimine les dialogues des animaux, réécrit et invente des pans entiers de l'histoire. Dumbo s’envole à n’en plus finir, débouche sur une fantaisie certes, divertissante, mais au prix d’un effort considérable. Rendez-nous la pâte à modeler !

En bref !

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Dumbo façon Tim Burton manque de Tim Burton et laisse indifférent par son manque d’authenticité.

2/5 ★

Plus d'informations sur Dumbo.

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Commentaires 1

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laurencef

il y a 5 ans

Merci


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