Critique10. Oktober 2022

«Simone - Le voyage du siècle» - Biopic brûlant d‘actualité porté par une impressionnante Elsa Zilberstein

«Simone - Le voyage du siècle» - Biopic brûlant d‘actualité porté par une impressionnante Elsa Zilberstein
© Filmcoopi Zürich AG

Il avait porté Marion Cotillard jusqu’aux Oscars avec «La Môme», et c’est à Elsa Zilberstein d’être époustouflante dans ce biopic consacré à une autre grande figure féminine du XXe siècle.

(Critique de Laurine Chiarini)

«J’étudiais chacun de ses gestes, chaque faille, chaque respiration ; je voulais la comprendre de l’intérieur». Il aura fallu un an de préparation et plusieurs coaches vocaux à Elsa Zilberstein avant d’entrer dans la peau de l’académicienne. Alors qu’un projet de film trottait dans la tête de l’actrice depuis plusieurs années, jamais elle n’avait osé en parler à Simone Veil de son vivant, qu’elle avait rencontrée à plusieurs reprises. De l’élocution distinctive d’une voix qui devait se faire entendre devant une assemblée majoritairement masculine, souvent chahutée, à la démarche qui s’alourdit du poids des années, la transformation physique est convaincante.

Après Edith Piaf et Grace Kelly, Olivier Dahan s’attaque à un troisième biopic autour d’une figure féminine forte. Déterminer quels aspects de sa vie mettre en avant n’a pas dû être chose aisée, tant son histoire est riche. Pondérée et confortable, la narration navigue entre les périodes de la vie de Simone Jacob, plus tard Veil, sans perdre le spectateur. Quand le ton monte à la tribune, la caméra devient nerveuse. Les contre-arguments fusent sur fond noir, se transformant parfois en insultes haineuses. Comme pour les rescapés d’Hiroshima, il fut une époque où les survivants de l’holocauste, «épine dans le pied de la société», étaient stigmatisés.

«Simone - Le voyage du siècle» - Un biopic brûlant d‘actualité porté par une impressionnante Elsa Zilberstein
Elsa Zilberstein © Filmcoopi Zürich AG

Des scènes de déportation, les plus fortes sont celles où, défilant sur des images de paysages prises depuis un train, la voix de Simone raconte son calvaire. À part le documentaire-fleuve monumental «Shoah», constitué uniquement de témoignages filmés par Claude Lanzmann sur une période de 11 ans sans recourir à des images d’archives, de tels souvenirs sont toujours plus puissants quand racontés par ceux qui les ont vécus plutôt que reconstitués. Alors que s’éteignent peu à peu les derniers témoins de l’holocauste, l’importance de la mémoire reste plus que jamais d’actualité.

En 1975, Simone Veil faisait accepter une loi dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse. En juin 2022, plusieurs États américains conservateurs ont mis fin au droit à l’avortement. Loin d’être acquises, les victoires du passé sont fragiles. Justice et laïcité étaient les deux mots les plus utilisés par les parents de celle qui était de presque tous les combats. Des prisons insalubres françaises aux geôles algériennes, de la pandémie du sida aux abris pour toxicomanes, Simone Veil préférait être entendue que vue. L’écran se prête bien à raconter un tel destin, accessible à tous, et que tous devraient connaître.

4/5 ★

Au cinéma le 12 octobre.

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