Critique30. Juni 2022

«Irréductible» - Calvaire de fonctionnaire

«Irréductible» - Calvaire de fonctionnaire
© 2022 Elite Film

Sorte de comédie satirique sur les institutions, Jérôme Commandeur s’offre un quasi seul en scène pour s’amuser du fonctionnariat.

Jérôme Commandeur ne s’y est pas trompé et il est vrai que le vaste univers de la fonction publique se prête volontiers à quelques quolibets. Réalisateur, et acteur, il incarne ici ce coq en pâte du service des Eaux et Forêts de Limoges, bien au chaud de son paradis municipal et de son jardin aux multiples alinéas.

Mais un jour le vent tourne, et le calife n’est plus. Il envisage un temps d’épouser sa compagne pour échapper à la restructuration du ministère, mais le monde est ainsi fait que rien n’épargne les célibataires. Au diable les 16 ans de boutique, il faut déguerpir !

une anthologie de gags graveleux...– Théo Metais

Un temps employé de musée, de prison, d’un camp de migrants, puis d‘un centre de recherche au Groenland ; le bougre persiste et refuse les milliers d’euros qui s’accumulent sur son chèque et s’embarque dans une petite lutte, épaulé par un syndicaliste ferroviaire incarné par Christian Clavier, espérant retrouver un jour, ses privilèges d’antan.

L’homme est arrogant, misogyne, cynique et Jérôme Commandeur l’incarne à merveille. Mais après le très dispensable Ma famille t'adore déjà (2016), Commandeur dévoile une version francisée de la comédie italienne à succès Quo Vado? (2016) et révèle finalement une farce sur le fonctionnariat tout aussi oubliable.

«Irréductible» - L’égo du gaulois
Lætitia Dosch et Jérôme Commandeur © 2022 Elite Film

Clin d’oeil à Astérix et à ses irréductibles gaulois, il y aura certainement aussi la volonté de rendre hommage à la magie des comédies de Francis Weber, or dans le sillage de ses pitreries, Irréductible révèle une anthologie de gags graveleux, régressifs, irrévérencieux (comprenez en dessous la ceinture) et surtout insignifiants.

Une posture désinvolte bien curieuse alors que le film ne manque pas quelques observations intéressantes, lesquelles nous rappellent que l’humour aurait pu se trouver un autre cheval de bataille ; plutôt que de sur-appuyer la fascination d’un peuple autochtone pour le récit d’un homme de la métropole, ou la blague de celui ou celle qui masturbe un ours polaire et qui pourrait y prendre goût.

l’arrogance du personnage fonctionnera un temps...– Théo Metais

Fort de son succès au Festival de l'Alpe d'Huez, certainement qu’Irréductible fonctionnera auprès d’un public déjà acquis à sa cause, et les autres pourront profiter de quelques rôles secondaires sympathiques : Valérie Lemercier, Gérard Darmon. Du reste, l’arrogance du personnage fonctionnera un temps, mais l'ensemble s’apparente à un bon gros saut de blagues, plus qu’à une comédie irrévérencieuse sur l’irrévérence des français.

2/5 ★

Depuis le 29 juin au cinéma

Plus d'informations sur «Irréductible».

Bande-annonce

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