Critique13. Juli 2023

Critique de «The Pod Generation», quand les œufs en plastique remplacent les cigognes

Critique de «The Pod Generation», quand les œufs en plastique remplacent les cigognes
© NIFFF 2023

Ouverture décevante du NIFFF 2023, la satire «The Pod Generation» de Sophie Barthes imagine une société où la mode est au développement fœtal hors utérus.

(Eleo Billet, depuis le NIFFF 2023)

Rachel (Emilia Clarke) et Alvy (Chiwetel Ejiofor) forment un jeune couple heureux, désireux d'avoir un enfant. À leur époque, quelques chanceux peuvent bénéficier d'une grossesse hors utérus grâce à une technologie aussi pratique que débattue, les Pods. Durant neuf mois, leur couple découvrira ce que signifie être parent dans une société où les bébés à naître se matérialisent dans des œufs connectés.

Avec un postulat déconnecté des réalités actuelles, et malgré un emballage séduisant et des personnages bien brossés, «The Pod Generation» ennuie et rate sa satire. Dans ce monde, les parents ont moins d'enfants, non pas par manque de moyens ou d'envie, mais uniquement parce que la grossesse serait trop contraignante, sans jamais que soient évoquées les difficultés de l’après. En plus du manque de cohérence, le reste de cet univers dystopique est peu original, digne d'une publicité d’entreprise, et basé sur des inventions déjà obsolètes. Seule bonne idée, la déconnexion de l’humain à la nature, que le biologiste Alvy tente de contrer, jusque dans son couple.

Malheureusement, nombre de thèmes liés à la parentalité, qui permettraient de nuancer le propos, comme l'adoption et les personnes queer, sont balayés pour que le film se concentre sur la peur, maintes fois traitée, de ne pas avoir d'instinct maternel. En tentant de traiter superficiellement des différences entre les genres, le film tombe dans l'essentialisme et la satire perd de son mordant. D'autant que chaque sujet est trop explicité par des dialogues lourds et autres scènes répétitives, rarement rehaussées par le jeu d'acteur. D'ailleurs, la critique desdits Pods ne se rattrape qu'à la fin, en dénonçant la marchandisation de la vie et le capitalisme, alors que jusque-là, elle se moquait plutôt de l'équivalent de la fécondation in vitro.

Restent, pour sauver le film, la mise en scène sobre de Sophie Barthes et les terrifiants environnements épurés, presque dépourvus de vie végétale, peuplés d'humains qui ont oublié d'où viennent les fruits, la vie.

2/5 ★

Le 25 octobre au cinéma

Plus d'informations sur «The Pod Generation»

Bande-annonce de «The Pod Generation»

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