Critique30. Oktober 2023

Critique de «L'Enlèvement», arraché à sa famille pour une conversion forcée

Critique de «L'Enlèvement», arraché à sa famille pour une conversion forcée
© Agora Films

En compétition officielle au dernier Festival de Cannes, le nouveau film de Marco Bellocchio relate une histoire véridique et pourtant invraisemblable.

(Une critique de Marine Guillain)

Bologne, 1852. Momolo et Mariana Mortara, juifs de religion, ont donné naissance à leur sixième enfant (ils en auront huit en tout) il y a quelques mois. Une de leur employée baptise en secret le petit Edgardo lorsqu'il a 6 mois. Six ans plus tard, le clergé vient l'enlever à sa famille pour l'élever à Rome. La loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Prières et éducation religieuse sont au menu. Le jeune garçon tente d'être sage et obéissant dans l'espoir de revoir sa famille. Bouleversés, les parents d’Edgardo vont tout tenter pour récupérer leur fils. L'affaire fait grand bruit dans les journaux nationaux et même hors du pays, mais le Pape, pouvoir suprême, n'est pas prêt à bouger une ligne. Les parents auront gain de cause uniquement s'ils se convertissent au christianisme.

Critique de «L'Enlèvement», arraché à sa famille pour une conversion forcée
«L'Enlèvement» © Agora Films

Cette histoire à peine croyable avait d’abord intéressé… Steven Spielberg, avant que Marco Bellocchio («Il traditore») ne s’en empare. Sous forme de fresque historique, le cinéaste italien retrace avec brio le combat de la famille Mortara contre l’église, mais aussi l’endoctrinement du jeune Edgardo, qui souffre d’être séparé des siens, mais n’a d’autre choix de se plier aux nouvelles règles et à sa nouvelle religion… Alors qu’il grandit dans la foi catholique, le pouvoir de l'Église diminue… En outre, c’est l’Histoire avec un grand H qui est convoquée ici: Soutenue par la communauté juive internationale et par l’opinion publique de l’Italie libérale, la bataille des Mortara prend une dimension politique. L’insurrection du peuple contre le pouvoir ecclésiastique mène même à un procès intenté par les nouvelles autorités laïques à l'ancien inquisiteur de la ville, ordonnateur du kidnapping.

Le public est rapidement transporté dans ce récit captivant: celui-ci navigue entre un humour grinçant qui fait rire jaune et des scènes choquantes ou déchirantes qui serrent le cœur. Pouvoir religieux, injustice, abus: l’histoire très riche et puissante de «L’Enlèvement» («Rapito» en italien) est mise en scène avec une maîtrise parfaite par Marco Bellocchio, qui, s'il suit une trame essentiellement classique, manie les images, la lumière et la musique avec art.

4/5 ★

A partir du 1er novembre au cinéma

Plus d'informations sur «L'Enlèvement»

Bande-annonce de «L'Enlèvement»

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