Critique4. Oktober 2023

«Le Procès Goldman», Cédric Kahn à la barre d’une affaire judiciaire mémorable

«Le Procès Goldman», Cédric Kahn à la barre d’une affaire judiciaire mémorable
© Adok Films Sàrl

Acteur, scénariste, réalisateur, le Français Cédric Kahn a plus d’un tour dans son sac. Pour son nouveau long métrage, il reste derrière la caméra et met en scène l’un des procès les plus marquants de la deuxième partie du XXe siècle, celui de Pierre Goldman. Décryptage !

En 1975, le militant d’extrême gauche Pierre Goldam (Arieh Worthalter) est accusé du meurtre de deux personnes lors du braquage d’une pharmacie. Mais il réfute les faits et clame haut et fort son innocence. Le temps de son procès, les témoins s’enchaînent, les professionnels partagent leurs observations et la vérité tente, tant bien que mal, d’éclater au grand jour.

Quatre ans après «Fête de famille», Cédric Kahn s’éloigne du drame relationnel pour narrer, dans un style quasi-documentaire, l’impact d’une affaire qui, à son époque, avait défrayé la chronique. Figure emblématique d’une gauche révolutionnaire, Pierre Goldman, demi-frère de Jean-Jacques Goldman, trouvait dans ses partisans de grandes figures de la scène intellectuelle : Jean-Paul Sarte, Simone Signoret ou encore Simone de Beauvoir.

«Le Procès Goldman», Cédric Kahn à la barre d’une affaire judiciaire mémorable
Arthur Harari dans la peau de maître Georges Kiejman © Adok Films Sàrl

Dans la peau de Pierre Goldman, l'acteur belge Arieh Worthalter est magnétique. Son maintien et la puissance de son intonation accentue le pouvoir des mots. Arthur Harari incarne maître Georges Kiejman, l’avocat de la défense. Le compagnon de la Justine Triet - Palme d'Or 2023 avec «Anatomie d'une chute» – se glisse tout d’abord avec difficulté dans un rôle dont les formulations désuètes semblent lui écorcher les lèvres. Pourtant, il finit par prendre son envol grâce à l’intensité de ses plaidoyers et au pouvoir de l’art oratoire.

Le maniement de la langue de Molière se fait alors véritable force du film. Pour le mettre en avant et limiter les partis pris, la musique reste, durant les deux heures du long métrage, pratiquement inexistante. Une sobriété qui permet alors au public de se forger sa propre opinion sur le personnage. La caméra capture les expressions de l'assemblée, avide de connaître le dénouement, et nous partageons leur intérêt. Le résultat est prenant, bien qu’aseptisé à outrance, et l’œuvre, aussi diablement intéressante soit-elle, pourra rebuter les moins patients.

3,5/5 ★

Présenté à Cannes et au ZFF, le film est au cinéma à partir du 4 octobre 2023.

Plus d'informations sur «Le Procès Goldman».

Bande-annonce de «Le Procès Goldman»

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