Critique19. Februar 2024

Critique de «La Théorie du tout», Oppenheimer chez les helvètes

Critique de «La Théorie du tout», Oppenheimer chez les helvètes
© Filmcoopi Zürich AG

L’écrin des Alpes suisses, une bonne dose de fantastique et une ambiance hitchcockienne, voilà les ingrédients mystérieux de «Die Theorie von Allem» («La Théorie du tout») de Timm Kröger. Au cinéma le 21 février.

(Une critique de Kilian Junker)

En 1962, Johannes (Jan Bülow) quitte l’Allemagne aux côtés de son directeur de thèse pour se perdre au fin fond des Alpes suisses, à l’invitation d’un physicien iranien qui ne viendra finalement jamais. Arrivés sur place, les deux hommes profitent de leur luxueux hôtel et Johannes fera rapidement la connaissance de Karin (Olivia Ross), qu’il semble connaître depuis fort longtemps… Bientôt, les révélations de la jeune femme et l’accumulation de cadavres feront tourner cette escapade dans les Alpes en véritable cauchemar paranoïaque.

«Maintenant, je suis devenu la mort, le destructeur des mondes». Ce passage de la Bhagavad-Gita repris par le physicien Oppenheimer après l’essai nucléaire «Trinity», est clamé dans «Die Theorie von Allem» à la faveur d’un dîner trop arrosé. S’il tisse ainsi une couture thématique (la physique quantique et tout ce qui s’y rapporte) avec le «Oppenheimer» de Christopher Nolan où la sentence est aussi à plusieurs reprises répétée, le film du jeune allemand Timm Kröger prend très rapidement un virage à angle droit avec ce long-métrage. Exit le biopic parfois poussiéreux, l’histoire de Johannes sera fantastique ou ne sera pas, et s’emparera à bras-le-corps de la notion ô combien à la mode du multivers.

Critique de «La Théorie du tout», Oppenheimer chez les helvètes
«La Théorie du tout» © Filmcoopi Zürich AG

Passé ou présent? Le trouble est jeté, et de la photographie de «Die Theorie von Allem» (la définition du numérique, mais altérée à la façon d’une pellicule et en noir et blanc) à ses références (Lynch autant que les plus anciens Hitchcock et Welles), tout donne chair à cette construction où les réminiscences du passé semblent constamment parasiter le présent, faisant ainsi écho aux mêmes théories quantiques... Que signifient ces étranges nuages noirs obstruant le ciel au-dessus de leur hôtel solitaire lorgnant du côté de «Shining»? Qui est responsable de ces sordides meurtres qui tachent d’hémoglobine le paysage de carte postale dépeint par le film?

Des questions qui trouvent autant de réponses qu’il y a de personnages et finalement à chacun des protagonistes du film d’écrire sa propre variante d’un scénario qui finira par s’alimenter lui-même. Le «Dark» de Netflix, mais version cinéma, plus maîtrisé et léché visuellement, «Die Theorie von Allem» était l'une des pépites du GIFF 2023.

4/5 ★

Au cinéma le 21 février.

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Bande-annonce de «La Théorie du tout»

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