Critique3. November 2023

Critique de «Fingernails» sur Apple TV+, l’amour ne tient qu’à un ongle

 Critique de «Fingernails» sur Apple TV+, l’amour ne tient qu’à un ongle
© Apple TV+

Dans un futur plus ou moins proche, une machine peut révéler si deux personnes sont amoureuses en analysant les ongles de leurs mains. Dans cette romance de science-fiction réalisée par Christos Nikou, Jesse Buckley et Riz Ahmed incarnent des collègues pris en étau entre leurs sentiments et la réalité scientifique. Zoom sur «Fingernails», disponible dès le 3 novembre sur Apple TV+.

Anna (Jesse Buckley) est à la recherche d’un emploi. Initialement enseignante, elle désire travailler à l’institut de test de l’amour fondé par Duncan (Luke Wilson). Cet institut révolutionnaire est en plein essor. Il propose, grâce à des échantillons d’ongles, de tester l’amour d’un couple. Anna est finalement embauchée dans la société. À son arrivée, on lui annonce qu’elle doit travailler en équipe avec Amir (Riz Ahmed), un des meilleurs éléments de l’entreprise. Mais au fur et à mesure de leur collaboration, Anna commence à développer des sentiments pour Amir et à douter de son amour pour Ryan, son conjoint de longue date, alors même que le couple a passé le test avec succès il y a quelques années.

Présenté au Festival de Telluride en août dernier,«Fingernails» est un film étonnant, tant sur sa forme que sur son fond. On s’accordera à dire que le scénario convoque l’absurde à plusieurs niveaux : arracher un ongle pour tester son amour, acte plutôt barbare et sadique lorsque sont évoqués les sentiments romantiques. Le métrage est également un melting pot de genres. À mi-chemin entre la comédie pudique et le drame, «Fingernails» est un récit de science-fiction qui brouille les pistes. La fameuse machine à tester l’amour ressemble plus à un micro-ondes tout droit sorti des années 70 qu’à une technologie d’avant-garde, et l’univers un rien vintage que Christos Nikou propose, tant dans les lieux que dans les tenues vestimentaires des protagonistes, désoriente les spectateurs, créant un décalage étrange.

Jeremy Allen White et Jessie Buckley dans «Fingernails» © Apple TV+

«Fingernails», deuxième film du réalisateur grec et son premier en anglais, n’est pas sans rappeler d’autres fictions avant lui, telles que la série d’anthologie «Soulmates», dans laquelle il est question cette fois d’un test de compatibilité pour trouver son âme sœur. Dans tous les cas, la question du conditionnement y est abordée, ou comment les individus parviennent ou non à s’affranchir de résultats prétendument scientifiques pour écouter les sentiments qui les animent.

Si le film reste un peu en surface des relations qu’Anna entretient avec Amir ou Ryan, sa force réside surtout dans l’alchimie entre Jesse Buckley et Riz Ahmed. Leurs personnages respectifs doivent tester des couples, mais également entraîner ces derniers grâce à des exercices, souvent ridicules, qui doivent permettre de renforcer leur amour. Et tout y passe : reconnaître l’odeur corporelle de son conjoint avec les yeux bandés, regarder «Coup de foudre à Notting Hill» au cinéma, sauter en parachute en duo, ou encore faire un karaoké en français, la langue romantique par excellence. Magnifiquement filmés, Jesse Buckley et Riz Ahmed forment un duo subtil qui parle peu, mais dont les expressions et les silences sont révélateurs. Rien que pour ça, le film vaut le détour.

4/5 ★

Depuis le 3 novembre sur Apple TV+

Bande-annonce de «Fingernails»

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