News12. Mai 2023

Adèle Haenel, les adieux au cinéma d’une jeune artiste en feu

Adèle Haenel, les adieux au cinéma d’une jeune artiste en feu
© cineworx gmbh

Après l’indignation, le rejet. Dans une lettre publiée dans l’hebdomadaire Télérama, Adèle Haenel annonce son retrait définitif du cinéma.

« Je vous annule de mon monde. Je pars, je me mets en grève ». Alors que la grande messe du Festival de Cannes est en passe d’ouvrir ses portes le 16 mai prochain, la rupture d’Adèle Haenel avec le cinéma aura une résonance particulière. Une scission radicale dont elle s’explique dans une lettre publiée sur le site de Télérama.

Tout commence avec une enquête de l’hebdomadaire Télérama intitulée « itinéraire d’une artiste en lutte ». Publiée mardi, cette lettre, brûlante et politique, est en une réponse. Valérie Hurier, directrice de la rédaction, explique vouloir élucider l’absence de l’actrice sur les écrans depuis «Portrait de la jeune fille en feu» en 2020 et sa nomination aux César. Une cérémonie qui restera dans les mémoires comme celle du sacre de Roman Polanski désigné "Meilleur réalisateur" pour le film «J'accuse». Ce soir-là, parée de sequins, l’actrice s’était levée. Face un parterre de célébrités impassibles, Adèle Haenel accusait à son tour.

Les paroles de l’actrice fustigent au-delà du 7e art et ses pontifes. « Il n’y a plus d’avenir vivable pour personne à très court terme dans le cadre du capitalisme » poursuit-elle. Actrice deux fois primée au César, en 2019, elle dénonçait auprès de Mediapart « l’emprise » du réalisateur Christophe Ruggia lorsqu'elle était adolescente. Son témoignage avait conduit à sa mise en examen pour « agressions sexuelles sur mineur », rappelle Le Monde, et libérait la parole pour bien des femmes.

Aujourd'hui, elle brise une nouvelle fois l’omerta autour du sexisme et des affaires d’abus sexuels dans le cinéma français. Elle dénonce « la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels » et « l’ordre bourgeois » qui maintiennent des noms comme Gérard Depardieu, Roman Polanski et Dominique Boutonnat, président du Centre national du cinéma (CNC). À 34 ans et après une cinématographie riche et aux titres presque prémonitoires («Les Combattants», «Portrait de la jeune fille en feu», «Les Diables»), elle se retire du cinéma et se tourne vers les planches, des projets seraient en cours avec la metteuse en scène Gisèle Vienne. Et l’INA, notamment, observe que les prises de position d’Adèle Haenel font écho à la colère de Delphine Seyrig dans les années 70.

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