Critique12. April 2023

«Acharnés» sur Netflix, 3 bonnes raisons de s’enrager devant cette nouvelle série

«Acharnés» sur Netflix, 3 bonnes raisons de s’enrager devant cette nouvelle série
© Andrew Cooper / 2023 Netflix, Inc.

Découvrez le récit d'une étonnante vengeance entre deux automobilistes dans la série «Acharnés» («Beef» en VO) sur Netflix. Déjà l'une des séries les plus convoitées de l'année.

Tout commence sur le parking d’un grand magasin en Californie. Danny Cho (Steven Yeun), jeune entrepreneur dans le bâtiment ruiné après la faillite du motel de ses parents, souhaite rapporter quelques appareils électroniques. Or, il lui manque le ticket de caisse… Il s’enquête donc du précieux sésame, et alors qu’il fait un créneau pour sortir du parking, un SUV immaculé manque de lui rentrer dedans.

Un doigt d’honneur plus tard, la voiture prend la fuite. Dès lors, les deux véhicules se pourchassent dans un débordement d’incivilités et d’une violence inouïe. Danny perd la trace du véhicule, mais il eut le temps de noter la plaque d’immatriculation. Ainsi s’entament les hostilités de «Acharnés», une série Netflix finalement bien plus attendrissante qu’elle n’en a l’air.

1 - La métaphore d’un mal-être existentiel

Sous ses airs un peu frontaux de récit de vengeance, en réalité «Acharnés» met en scène deux individus érodés par l’existence dont la violence s’agrippe à des interprétations plus profondes. Danny (Steven Yeun, croisé dans «Nope» et nommé aux Oscar pour «Minari»), végète avec son petit frère, Paul (Young Mazino), dans le motel de leurs parents, en faillite depuis un douteux prêt contracté auprès de leur cousin Isaac (interprété par le célèbre peintre David Choe) qui vient juste de sortir de prison. Leurs parents sont depuis retournés en Corée, et c’est à Danny que revient la charge de remettre la famille sur les rails. Il enchaîne les petits jobs dans l’espoir de mettre suffisamment d’argent de côté pour acheter une maison et, corseté par la pression familiale, Danny est tout simplement à bout de souffle.

Et le jour où se rompt la branche, il croise la route d’Amy Lau (l’actrice de stand-up Ali Wong) au volant de son SUV Mercedes blanc. Riche entrepreneuse à la tête d’une célèbre entreprise de plantes, mariée au fils d’un designer japonais de renom (Joseph Lee), elle n’en finit plus de faire des courbettes pour satisfaire son entourage; et voilà deux ans qu’elle tente en vain de vendre son entreprise pour, enfin, consacrer du temps à sa fille. Ainsi, la rage qui les anime et les divise est pourtant symptomatique de tout ce qu’ils pourraient avoir en commun. «Acharnés» serait alors une lentille absurde, virulente, abjecte, mais néanmoins empathique pour observer les gouffres existentiels.

Ali Wong dans la série «Acharnés» © Andrew Cooper / 2023 Netflix, Inc.

2 - Une série A24

Peut-être que A24 ne vous dit rien, mais cet acronyme désigne la société de production new-yorkaise derrière, notamment, le succès aux Oscars d’«Everything Everywhere All at Once». Un nom récité comme un mantra, fine fleur du cinéma indé américain et, croyez-le ou non, les séries estampillées A24 ne courent pas les rues, à l’inverse de leurs films qui, eux, sont légion. Nous pourrions citer, par exemple, «Euphoria» et «Irma Vep», distribués par HBO, ou encore «Mr Corman» sur Apple TV+. Or le cercle est restreint et il n’en fallait pas plus pour faire de «Acharnés», création de Lee Sung Jin, l’un des évènements sériels de 2023.

Steven Yeun et David Choe dans la série «Acharnés» © Andrew Cooper / 2023 Netflix, Inc.

3 - Hommage à l'héritage asiatique

Le sacre d’«Eveything Everywhere all at once» aux Oscars 2023 aura aussi et surtout été l’occasion de mettre en lumière des histoires de la diaspora asiatique aux États-Unis. Célébration des héritages et des parcours, l’actrice Michelle Yeoh devenait la première actrice d’origine asiatique à remporter l'Oscar de la meilleure actrice, un honneur historique que partageait l’acteur américain d'origine vietnamienne Ke Huy Quan, récompensé de l’Oscar du meilleur second rôle masculin.

À sa manière, «Acharnés» poursuit ce travail sur Netflix, une plateforme qui bien souvent peine à se démarquer avec des programmes originaux et pertinents. Créée par le scénariste d’origine coréenne Lee Sung Jin, la série met aussi à l’honneur les différences ethniques et sociales des protagonistes majoritairement américains d’origine asiatique. La chose est assez rare et la série rend aussi hommage, devant et derrière la caméra, à cette large diversité.

4/5 ★

Une série de 10 épiosdes à découvrir depuis le 6 avril sur Netflix.

Bande-annonce de la série «Acharnés»

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