Article18. September 2023

10 films qui sonnent la cloche de l’urgence écologique

10 films qui sonnent la cloche de l’urgence écologique
© Neon / «How To Blow Up A Pipeline» (2023)

Si l’écologie s’impose de plus en plus comme un sujet de société brûlant, le cinéma n’a pas attendu James Cameron et son mythique «Avatar» pour l’évoquer en salles obscures. En documentaire ou en fiction, au travers de tout le spectre des genres, l’urgence climatique et le sort réservé à notre biodiversité ont bien souvent irrigué l’esprit des cinéastes.

(Un article de Kilian Junker)

1 - «El Agua» (2023)

L’eau poison d’«Acide», la pluie instigatrice d’horreur de «Piove», les flots contraints de «Le Barrage», la cuvée filmique 2023 résonne particulièrement avec l’actualité liée à l’or bleu. Pourtant, c’est un film espagnol produit notamment par la Suisse qui s’impose comme le plus marquant de cette thématique : «El Agua» d’Elena Lopez Riera. Louvoyant entre documentaire et fiction, il nous offre un instantané d’une jeunesse perdue entre solastalgie, travail entêtant et amours désenchantés. Une proposition féministe et écolo forte, d’une réalisatrice à suivre !

2 - «Sabotage» (2023)

Adaptant l’essai d’écologie radicale d’Andreas Malm «Comment saboter un pipeline» («How To Blow Up A Pipeline»), «Sabotage» en fait une lecture fictionnelle sous forme de thriller écolo. Haletant et questionnant autant sur le fond que sur la forme, il creuse les défis moraux à surmonter lorsque l’on décide de passer concrètement à l’action. Violent et sans concession, «Sabotage» se veut clivant, mais parvient à capter l’énergie du désespoir face à l’inaction climatique.

3 - «Rien à foutre» (2021)

Film belge bien discret, porté par la fabuleuse Adèle Exarchopoulos, qui souligne d’un rire jaune les tourments de l’époque. Du rêve que fait miroiter un capitalisme mondialisé à l’inhumaine vérité, «Rien à foutre» se veut un film d’un réalisme troublant, collant aux basques d’une hôtesse de l’air bien justement nommée Cassandre, jusqu’à une fin qui en désarçonnera plus d’un. Un premier long-métrage inconfortable, mais audacieux, qui décrit le système qu’il critique de l’intérieur.

4 - «Long Weekend» (1978)

Film phare de la Ozploitation (courant apparu entre les années 70 et 80 dans le cinéma australien), «Long Weekend» propose une lecture horrifique du thème de l’écologie. Un couple s’aventure en effet sur une plage, bien décidé à faire du camping sauvage. Mais ils s’apprêtent à subir les ires d’une nature résolue à ne pas se laisser faire après la mort d’un lamentin… Pitch invraisemblable pour un film visionnaire et encore d’actualité, de l’horreur qui se déguste sans modération.

5 - «The Cove : La Baie de la honte» (2009)

Nous parlions d’un lamentin dans le film précédent, mais des simili-baleines chassées dans « Avatar : La Voie de l’eau » au légendaire « Sauvez Willy », les mammifères marins ont souvent capté l’attention du cinéma. C’est pourtant sous la forme du documentaire que nous parvient l’un des films les plus marquants de cette thématique. Avant le bien connu «Blackfish», disponible sur Netflix, «The Cove : La Baie de la honte» secoue son spectateur. Figurant la pêche controversée de dizaines de milliers de dauphins dans la baie de Taiji au Japon, le documentaire prend les atours d’un véritable thriller haletant, braquant ses projecteurs sur les flots sanguinolents de ce bout de mer.

6 - «L’Année du Requin» (2022)

Restons dans la mer, mais passons aux squales : si « Les Dents de la Mer » ont eu un effet désastreux sur l’image des requins au point que Spielberg a annoncé regretter le film, la thématique est de plus en plus abordée via un prisme écologique. C’est assurément le cas de « L’Année du Requin » des frères Boukherma qui parviennent à créer une relecture amusante de « Jaws » à la sauce des années 2020. Ne reste plus qu’à attendre le nouveau film de Xavier Gens pour Netflix, dont le titre n’est pas encore arrêté, mais qui évoque bien la présence d’un énigmatique requin dans la Seine, en plein pendant les JO 2024 !

7 - «Lynx» (2022)

Si le documentaire de Vincent Munier «La Panthère des Neiges» est un film sublime invitant au voyage, c’est à un félin tout aussi discret, mais plus local que s’intéresse Laurent Geslin : le lynx. Véritable ode à la vie bien menacée des montagnes jurassiennes, «Lynx» propose une incursion dans l’intimité de ce spectre des forêts, dont tout le monde connait l’existence, mais que si peu ont eu la chance d’apercevoir. Un documentaire stimulant, qui donne envie de vivre cette nature sauvage, mais aussi de la protéger.

8 - «Princesse Mononoké» (1997)

Pléthore de films d’animation évoquent la question écolo, de «Wall-E» à « Pocahontas » ou « Tarzan » pour n’évoquer qu’eux, pourtant le plus marquant semble bien rester «Princesse Mononoké». Ce Miyazaki majeur, peut-être le plus beau, narre l’histoire d’une mystérieuse princesse vivant avec les loups. Jamais manichéen, abordant autant la question de la condition féminine que les ravages d’une industrialisation galopante, il s’offre le carcan d’un conte de cinéma visuellement splendide !

9 - «Koyaanisqatsi» (1982)

Audacieux ou prétentieux, les qualificatifs s’emmêlent pour évoquer ce film au titre imprononçable, tiré de la langue Hopi et signifiant une «vie disharmonieuse». Produit par Coppola, le réalisateur américain Godfrey Reggio entame avec ce film une trilogie, où le verbe est mis de côté pour se concentrer sur l’image exclusivement. Expérimentaux et contemplatifs, les photogrammes et les musiques de ce documentaire pas comme les autres ont largement irrigué la pop-culture contemporaine, de «Scrubs» aux «Simpsons» en passant par «Stranger Things».

10 - «Vesper Chronicles» (2022)

Après avoir parcouru le spectre des genres cinématographiques s’étant frottés au thème de l’écologie, il convenait immanquablement de passer par un pur long-métrage de science-fiction. Et si les classiques ne manquent pas («Waterworld», «Dune», «Les Fils de l’Homme»…), c’est sur un plus petit film européen que nous souhaitions nous pencher : «Vesper Chronicles». Dans un monde aux écosystèmes effondrés, la jeune Vesper use de ses dons de biohacking pour tenter de sauver son père. Sombre, mais magnifiquement mis en scène, à mi-cheval entre Cronenberg et Miyazaki, «Vesper Chronicles» est un petit bijou de SF contemporaine.

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